Les 6 et 7 octobre 2017, une délégation de 20 personnes venant de la région Samtskhe Javakheti est allée à la découverte de la filière laitière en Kakhétie. Seulement 300 kilomètres séparent ces deux régions, et pourtant, les éleveurs d’Akhaltsikhe y ont découvert une autre forme d’agriculture.
Depuis 2011, Fert intervient en Géorgie avec une équipe de 5 techniciens agricoles du GBDC qui accompagnent les éleveurs laitiers de la région Samtskhe Javakheti. Aujourd’hui réunis autour dans l’association Ertoba, les éleveurs de cette région de moyenne montagne ont entre 5 et 10 vaches avec une productivité encore limitée. Outre le conseil apporté par les techniciens sur les questions d’alimentation du bétail, de santé des animaux, de production et transformation laitière…, le GBDC est soucieux d’animer des échanges entre éleveurs – notamment, par l’organisation de voyages d’études.
Après avoir visité plusieurs pays (France en 2014, Turquie et en Arménie en 2016), des éleveurs d’Ertoba, accompagnés par quelques étudiants du collège agricole professionnel Opizari d’Akhaltsikhe et des techniciens du GBDC, ont eu l’occasion de passer deux jours dans cette autre région de Géorgie, la Kakhétie. Bordée par le Grand Caucase au Nord, cette région à l’est du pays présente un relief très accidenté, un paysage de steppes, et est riche de son terroir viticole, mais c’est aussi une région de production laitière. Ce voyage avait pour objectif de sensibiliser les éleveurs à des techniques innovantes pour la production et la transformation du lait, d’échanger avec d’autres producteurs et acteurs de la filière, voire d’établir des partenariats pour l’avenir.
La visite de ferme dites commerciales a particulièrement retenu l’attention des participants, notamment sur les aspects de génétique animale. À Akhmeta, le groupe a pu découvrir un troupeau de races Holstein, Simmental et Swiss Brown : alors que beaucoup travaillent encore avec des animaux de race locale, les races « améliorées » attirent. La bonne gestion du calendrier de reproduction, avec des inséminations programmées de manière à ce que le troupeau fournisse du lait toute l’année, a également été appréciée des participants.
Pour autant, les éleveurs le savent bien : la génétique ne fait pas tout ! Ils ont aussi été impressionnés par l’importance accordée à l’alimentation fourragère : récolte et stockage des fourrages, constitution d’une ration équilibrée, alimentation adaptée pour les veaux. À Alvani, le groupe a visité une ferme caprine, qui nourrit son troupeau avec des fourrages produits en hydroponie !
« Pour moi, la vraie découverte, c’est la culture hydroponique, que j’aimerais tester sur ma ferme à mon retour » témoigne Tamaz Shavadze, agriculteur à Rustavi.
Les éleveurs d’Ertoba ont pu aussi apprécier l’aménagement original des bâtiments : étable ouverte sur l’extérieur, barrière de protection, compartiment pour les veaux… Autant de nouveautés source d’inspiration.
« J’ai aimé l’étable des veaux qui comportait deux sections ; je vais essayer de faire la même chose chez moi pour mes génisses » raconte Stephan Safarian, agriculteur à Tskhruti
Enfin, le groupe a visité deux entreprises de collecte et de transformation du lait, et apprécier leurs efforts pour respecter les exigences de l’État sur la production fromagère. La laiterie Delamo à Akhmeta fabrique des fromages avec des techniques d’affinage différentes ; proposant ainsi des produits qui trouvent facilement des débouchés sur le marché. La laiterie semble aussi soucieuse du respect des conditions d’hygiène – un exemple pour nos éleveurs, de plus en plus amenés à gérer des laiteries coopératives.
À une autre échelle, la laiterie familiale de Telavi Shalauri a convaincu ceux qui privilégient la production de fromages fermiers : cet exemple montre qu’il est possible de produire et valoriser des produits différents sur une exploitation.
« Le fait d’avoir vu cette entreprise m’a convaincu qu’une petite entreprise familiale peut être efficace et rentable si elle produit un fromage différent, pour lequel le marché n’est pas saturé » souligne Merab Saginadze, agriculteur à Iveria.
Après ces deux jours de visites, l’engouement de chacun pour toutes ces innovations est important ; mais les éleveurs sont conscients qu’il ne leur sera pas permis de transformer du jour au lendemain leur petite exploitation familiale en des exploitations modernes et innovantes. Mais chacun à son échelle peut déjà chercher à améliorer ses pratiques et partager avec les autres, pour demain, mieux vivre de leur travail.