En février 2021, Fert et son partenaire tunisien, Ager, ont organisé un voyage d’étude pour la société mutuelle de services agricoles (SMSA) Chaambi dans le gouvernorat de Kasserine. L’objectif : permettre à cette coopérative de murir son projet de service de collecte et d’achat de plantes aromatiques et médicinales (PAM) en étudiant des expériences similaires.
La SMSA Chaambi regroupe des jeunes agriculteurs d’Ouled Mansour à proximité de la montagne Chaambi. Cette jeune coopérative cherche à accompagner ses membres dans l’amélioration de la conduite des vergers (notamment pommiers) mais aussi à leur faciliter l’approvisionnement en intrants agricoles et la commercialisation des plantes aromatiques et médicinales (romarin sauvage, pelargonium, menthe).
Fert et Ager ont rencontré cette coopérative en 2019. En 2021, un partenariat a été noué et se concentre sur l’accompagnement du lancement d’un service de collecte et d’achat des PAM. La SMSA souhaite acheter les plantes produites par ses adhérents, les transformer en huiles essentielles, eaux florales ou encore plantes séchées et les commercialiser.
En octobre 2020, un atelier d’échange a été organisé avec une quinzaine d’adhérents. Cet atelier a permis de fédérer les agriculteurs autour du projet et de réfléchir aux premiers principes d’organisation et de fonctionnement du service.
Trois grandes questions ont émergé de cet atelier ; comment aider les membres dans l’approvisionnement en plants ? ; comment faire fonctionner l’unité de distillation et de séchage ? ; comment commercialiser les produits transformés ?
Le voyage d’échange
Le voyage d’échange, outil clé de la démarche de Fert, a permis des échanges entre pairs : agriculteurs-trices à agriculteurs-trices ; leaders à leaders. En même temps qu’il est source de motivation, il permet des échanges de connaissances et de savoir-faire. Il suppose néanmoins une interface forte (rôle joué par Ager et Fert), pour préparer, animer/faciliter et suivre les changements.
Pour y répondre, un voyage d’étude a été organisé en février 2021. Les agriculteurs se sont rendus dans le nord de la Tunisie (Jendouba, Zaghouan, Sousse) afin de découvrir les expériences d’autres organisations de producteurs qui extraient des huiles essentielles, une pépinière et des commerçants de produits issus des PAM.
Ce voyage d’étude s’est révélé très enrichissant pour les agriculteurs qui ont pu faire évoluer leur projet.
« Le voyage nous a ouvert les yeux sur diverses possibilités. C’est la première fois que nous avons une vue plus concrète sur notre projet. Nous nous rendons compte qu’il faut revoir plusieurs choses, mais nous sommes encore plus motivés. »
Wadii Zorgui – agriculteur et président de la SMSA
Les agriculteurs ont ainsi trouvé des éléments de réponses à leurs questions en s’inspirant des expériences des acteurs rencontrés.
Sur l’approvisionnement ...
« Avant les diverses visites, nous ne savions pas trop comment assurer l’approvisionnement en plants pour la production des PAM. On s’est rendu compte que produire nous-mêmes nos plants pour démarrer était compliqué, mais une pépinière qui fournit une SMSA rencontrée lors du voyage nous a proposé un partenariat. »
Anwer Ferchichi – agriculteur membre
Sur la transformation...
« Les visites nous ont beaucoup appris sur les aspects pratiques de la transformation. Nous avons eu l’occasion de voir concrètement les différentes étapes d’extraction et même de pratiquer avec les membres des OP visitées. Grâce à cela, nous avons pris de nouvelles décisions comme nous équiper d’un distillateur de plus faible capacité qu’initialement imaginé et de différer l’achat du séchoir. Ces décisions, en plus d’être rationnelles par rapport aux besoins de notre projet, nous faciliteront sans doute l’accès à un financement pour acquérir le matériel. »
Awatef Ferchichi – agricultrice membre
Sur la commercialisation…
« La commercialisation des huiles était une question clé. Avec ce voyage, nous comprenons mieux les divers débouchés. Au début, nous voulons initier des partenariats avec certaines des organisations de producteurs rencontrées pour écouler notre production car elles ont une production insuffisante pour satisfaire leurs acheteurs. On s’est aussi rendu compte qu’il y avait une forte demande sur les huiles essentielles en romarin en Tunisie. Notre zone dispose de grandes superficies de romarin sauvage, on va donc prioriser cette production pour démarrer notre activité. »
Okba Zorgui – agriculteur membre