Table ronde 1 : La formation des agriculteurs tout au long de la vie
Les intervenants
Hamado OUEDRAOGO
Agriculteur et trésorier de la SCOOP Pissila
Burkina Faso
Cintia SORO
Directrice du CFAR de Niofoin
Côte d’Ivoire
Christophe BOULAND
Conseiller technique Fert
Côte d’Ivoire
Betty WAMPLFER
Enseignante-chercheure à l’Institut Agro-Montpellier SupAgro
France
Robert SERPOLLET
Directeur de la Fondation d’entreprise Louis Dreyfus
France
Dahmane HARDI
Agriculteur et vice-président de l’ANAP
Algérie
Table ronde 2 : Le conseil agricole pour mieux produire et mieux valoriser sa production
Les intervenants
François AMANI
Agriculteur et secrétaire de l’Urmag
Côte d’Ivoire
Tamaz SHAVADZE
Agriculteur et président d’Ertoba
Géorgie
Marc WITTERSHEIM
Ex-directeur du BTPL
France
Marciano de ALMEIDA
Directeur d’Unileite
Brésil
Sarah AUDOUIN
Chercheure au Cirad et Fofifa
Madagascar
Joseph POUZOULLIC
Chargé de projets Fert
France
« Il faut avoir en tête qu’un agriculteur gère un ensemble de risques, il doit donc être libre de ses choix et personne ne doit décider à sa place ; il faut soutenir et accompagner les propres projets des agriculteurs ». Ce constat, rappelé en introduction des tables rondes par Jean François ISAMBERT, président de Fert, rappelle un élément fondamental de la démarche de Fert : l’agriculteur est au cœur du processus de développement. Il ajoute « l’agriculture est systémique, le développement doit lui aussi être systémique en proposant de manière simultanée, dans la durée un ensemble de services utiles (formation, conseil, financement…) » faisant référence aux défis rencontrés par les producteurs et à leurs attentes.
Pourtant, cette démarche de partir des besoins et des projets des producteurs n’a pas toujours été une réalité pour les producteurs. François AMANI, producteur maraicher en Côte d’Ivoire, témoigne : « lorsque je me suis installé en agriculture dans les années 1980, l’Etat ivoirien avait mis en place des sociétés qui assuraient la vulgarisation des techniques agricoles, mais cela concernait surtout les productions de rente, il fallait produire comme on nous demandait de faire ; mais les choses ont changé progressivement et, avec Fert, on considère tout l’environnement du producteur ». Tamaz SHAVADZE fait le même constat : « en Géorgie, ancien pays du bloc soviétique, l’Etat était très présent dans la vulgarisation agricole aux producteurs ».
Sarah AUDOUIN, chercheure au Cirad, confirme que « le modèle de conseil des années 1980 était très standardisé et prescriptif et a montré ses limites pour répondre aux enjeux de développement des exploitations agricoles familiales ».
A la fin des années 1990, les politiques d’ajustement structurel contraignent les Etats à se désengager de ces services pourtant essentiels aux producteurs. Les enjeux sont énormes puisque comme le rappelle le président de Fert l’agriculture familiale occupe 40% des actifs dans le monde, et qu’il faudra nourrir une population croissante (10 milliards d’humains en 2025, avec quasiment les mêmes surfaces agricoles, une population africaine qui va doubler d’ici 2050), tout en évoluant vers des modes de production plus durables et performants.
C’est dans ce contexte que, depuis sa création en 1981, Fert travaille en lien étroit avec les producteurs, au développement de dispositifs de conseil agricole adaptés à chaque contexte et aux besoins des agriculteurs. Comme le souligne Sarah AUDOUIN « le conseil agricole est la pierre angulaire du développement agricole… ; la force de Fert, c’est d’adapter à chaque situation et aux demandes des producteurs les dispositifs de conseil qu’elle met en place et de permettre aux dispositifs d’évoluer dans le temps ».
Pour Fert et ses OP partenaires, le conseil agricole est d’abord une démarche qui consiste à intervenir en proximité avec les producteurs pour comprendre le contexte, leurs besoins et coconstruire ensemble des solutions. A la différence de la vulgarisation qui cherche à diffuser un message technique en vue de son application le plus largement possible par les agriculteurs.
François AMANI illustre cette démarche par l’exemple de son organisation en Côte d’Ivoire : « avec Fert, nous avons regardé ce qui posait vraiment problème aux agriculteurs, nous avons identifié que pour améliorer la commercialisation, il fallait aussi travailler sur la production, la gestion et l’organisation des producteurs ».
Sarah AUDOUIN précise que « ces besoins font appel à des compétences complexes et interdépendantes touchant aussi bien les connaissances techniques que la gestion économique ou encore l’organisation pour mieux produire, stocker, transformer et vendre ».
Ceci suppose une bonne formation et un accompagnement rapproché des conseillers agricoles dans la durée comme l’illustre le parcours personnel de Marciano de ALMEIDA, directeur d’Unileite, OP de conseil au Brésil : « j’ai commencé a travaillé pour Fert, en appui aux éleveurs laitiers du sud-ouest du Parana en 2002 et il nous a fallu du temps pour bien former les équipes et bien maitriser notre métier. Le conseiller doit bien connaitre les agriculteurs et fait preuve de beaucoup de diplomatie, il doit être capable de synthétiser les informations et les propositions ; l’écoute et l’empathie envers les producteurs font partie de mon métier ». Au Brésil, cette proximité avec les producteurs est illustrée par le fait que Marciano connait chacun des 120 membres d’Unileite et même la généalogie de leurs vaches !
Marc WITTERSHEIM, ex-directeur du bureau technique de promotion laitière (BTPL), a participé à l’accompagnement de plusieurs actions de Fert (Brésil, Madagascar, Géorgie, Tunisie…). Il rappelle que « l’aspect humain est essentiel dans notre métier ». Il témoigne de la « nécessaire qualité d’animation des conseillers pour amener à cerner les vrais problèmes des producteurs et chercher avec les conseillers des solutions adaptées ».
Cette nécessaire qualité d’écoute est confirmée par Joseph POUZOULLIC, chargé de projets pour Fert : « Au sein de Fert, on essaye de commencer par un travail de terrain, pour écouter les producteurs et apprendre d’eux ; le conseil c’est d’abord essayer de comprendre l’agriculteur sur son exploitation ».
Les participants ont rappelé le rôle pédagogique joué par les conseillers auprès des producteurs notamment pour expliquer et s’adapter aux injonctions des politiques agricoles. Marc WITTERSHEIM témoigne : « il faut toujours partir des besoins des producteurs, par exemple lors de la mise en place du Programme de Maîtrise des Pollutions d’origine agricole imposé par les politiques européennes, les conseillers du BTPL ont accompagné les éleveurs, qui étaient pour la plupart réticents à ces mesures, à tirer parti de ces changements pour améliorer leurs systèmes de gestion de la fertilisation et réduire ainsi leurs charges ».
Sarah AUDOUIN confirme cette nécessaire polyvalence : « le conseiller a de multiples compétences (techniques, savoir-être…) et doit savoir mobiliser sa boîte à outils. La démarche classique est d’aborder en premier le conseil sous un angle technique puis d’aborder progressivement les aspects gestion économique et structuration ».
Joseph POUZOULLIC synthétise : « en mariant les connaissances des producteurs et la technicité des conseillers, on trouve généralement des solutions efficaces à leurs problèmes ». Le conseil agricole vise précisément à placer les agriculteurs au cœur… de la décision, de l’action, et de la prise de responsabilités en l’accompagnant dans la proximité et dans la durée avec professionnalisme. Il rajoute que « la démarche de conseil qui consiste à accompagner le producteur dans la proximité, écouter ses besoins et coconstruire des solutions avec lui… est toujours efficace quels que soient les contextes dans lesquels j’ai pu intervenir ».
Tamaz SHAVADZE témoigne que « personnellement, l’accompagnement des conseillers m’a permis, à moi et mon groupe, d’améliorer notre production (ensilage, fourrage…), et de nous organiser autour de services concrets ; au début c’était un peu difficile car les agriculteurs n’étaient pas habitués à travailler ensemble, mais progressivement ils ont vu l’avantage du conseil et ont commencé à travailler en commun, par exemple en achetant et gérant du matériel ensemble (ensileuse…) ».
Au Brésil, Marciano de ALMEIDA rappelle : « dans notre démarche au sein d’Unileite, la production de références technico-économiques est essentielle pour aider les éleveurs à faire des choix éclairés, les chiffres font aussi la preuve de l’efficacité des services de conseil ». Marc WITTERSHEIM ajoute que « la mise en place d’indicateurs technico-économiques dès le début de l’action de conseil a permis de bien prendre conscience de l’amélioration des revenus des producteurs ; cela a permis de franchir le pas du paiement du service par les éleveurs lorsque Fert a accompagné la réflexion sur la viabilité du service ». Et Marciano de ALMEIDA témoigne que « le grand défi pour Unileite a été de faire payer les 120 éleveurs membres pour viabiliser le service de conseil technico-économique et atteindre l’autonomie de nos services aux éleveurs ». Cela a été possible car « la production a été multipliée par 10 pour le nombre d’animaux et par 2 pour le rendement de production » selon Marc WITTERSHEIM.
Joseph POUZOULLIC rappelle que « la notion de temps est importante en agriculture, c’est dans l’ADN de Fert et du groupe céréalier auquel elle est adossée. Fert a acquis un certain savoir-faire dans la mobilisation de moyens financiers nous permettant d’accompagner jusqu’à leur autonomie les services coconstruits avec les producteurs ».
Marciano de ALMEIDA indique qu’Unileite a abordé la question de la viabilité économique du service « en se demandant à qui profitait l’amélioration de la production chez les éleveurs : aux fournisseurs d’intrants, aux banques, aux entreprises de transformation… nous avons donc discuté avec chacun de ces acteurs en maintenant pour que chacun contribue au financement d’une partie du service, mais nous avons gardé notre indépendance et n’avons pas souhaité nous positionner sur le service de collecte du lait ».
Cette démarche de financement des services de conseil n’est pas aussi aboutie dans les différents dispositifs mis en place avec l’appui de Fert et le financement du conseil agricole reste un enjeu important pour les producteurs, les OP et même les Etats dans la plupart des pays.
Sarah AUDOUIN conclut « Fert a une démarche particulière d’accompagnement qui mobilise des modèles hybrides entre individu (producteur) / collectif (OP), technique / économique… C’est une spécificité des agri-agences comme Fert de pouvoir travailler à l’interface entre des OP et des partenaires privés telle qu’elle l’a fait au Brésil ».
Table ronde 3 : Des organisations professionnelles viables au service des producteurs
Les intervenants
Abdelkrim BEN YOUSSEF
Agriculteur et président du GDAEBN
Tunisie
Clarisse RANOROVOHANGY
Agricultrice, présidente de Ceffel et administratrice de Fifata
Madagascar
Paul-Henri DOUBLIER
Agriculteur administrateur de Fert
France
Raymond KIPROP NG’ENO
Agriculteur leader de CGA
Kenya
Léocadie SARE
Conseillère technique Fert
Malawi
Ferdinand ALI
Agriculteur président d’Adad
Albanie
Les tables rondes « Conseil agricole » et « Formation agricole » ont permis de comprendre comment les services de conseil et de formation agricole répondent aux besoins des agriculteurs, comment ils ont été mis en place et les défis actuels. Pour assurer de tels services, de manière durable, les organisations de producteurs (OP) qui les portent doivent être viables[1]. Cette table ronde consacrée aux OP propose d’aborder les questions de structuration, d’organisation, de gouvernance, de viabilité économique et de reconnaissances de l’OP dans son environnement, au travers de plusieurs témoignages.
La table ronde s’est articulée autour de deux questions :
- Pourquoi les OP ont-elles été créées et comment se sont-elles structurées ?
- Comment les OP assurent elles leur viabilité ?
Clarisse RANOROVOHANGY, à Madagascar, nous explique que l’association Ceffel, dont elle est aujourd’hui présidente, a été créée pour résoudre les problèmes d’alimentation que rencontraient les membres de Fifata « il y a eu un problème de production de riz ; or, c’est la base de l’alimentation à Madagascar. Avec Fifata et Fert, on a développé des cultures de substitution, comme la pomme de terre, les céréales, les légumes. » L’association Ceffel dispose d’un centre d’expérimentation et de formation en fruits et légumes et, au fur et à mesure de l’évolution des besoins des producteurs, a développé plusieurs services : formation de conseillers agricoles, service d’information économique, expérimentation pour faire face aux changements climatiques, partenariat avec les collèges agricoles de Fifata-Fekama pour la formation des jeunes, futurs agriculteurs sur les pratiques agroécologiques. Ceffel est membre du groupe Fifata qui offre des services complémentaires tels que le plaidoyer pour la sécurisation foncière, le financement du monde agricole…
Raymond KIPROP NG’ENO, un leader de CGA, explique comment l’association a été créée en 1996 : « L’association ne regroupait pas tous les producteurs de céréales, mais uniquement des grandes exploitations qui s’étaient regroupés pour négocier le prix des céréales avec l’Etat. » En 2013, grâce au partenariat avec Fert, CGA a engagé une restructuration en repartant à la base. Des élections ont été organisées depuis le niveau village jusqu’au niveau national afin que les élus représentent bien la réalité des producteurs à la base.
Abdelkrim BEN YOUSSEF, président du GDAEBN, revient également sur l’origine de son organisation : le GDA a vu le jour en 2012 pour « trouver des solutions pour répondre aux vrais problèmes des éleveurs », alors que les gens avaient du mal à travailler en collectif après des années de collectivisation des terres en Tunisie. Il explique ensuite comment les services se sont mis en place progressivement : « dès le début, on a essayé d’offrir un service aux éleveurs ; le premier était la tonte mécanique des brebis. Le deuxième, un système d’information qui permet de faire les inventaires, le contrôle de performance dans les élevages et de proposer un conseil personnalisé aux éleveurs. Un troisième, le service d’échographie. Depuis l’année dernière, on met en place des parcelles de démonstration sur le volet alimentation, car 60% de nos coûts de production viennent de l’alimentation. Donc, avec un institut technique agricole, l’INRAT, on essaie d’avoir des cultures fourragères autochtones.»
Ferdinand ALI, président d’Adad, témoigne également des origines de l’association : « Créée en 1996, Adad est dorénavant présente dans toutes les zones montagneuses de l’Albanie, le partenariat avec Fert a commencé dès nos débuts. Depuis 2003, nous sommes passés par plusieurs étapes : le ministère de l’Agriculture et le gouvernement local ont reconnu notre activité, alors qu’il y avait d’autres associations qui s’occupaient de l’introduction de technologies, mais elles agissaient à court terme, avec des projets d’environ 3-4 ans. Ainsi Fert a réussi à renforcer les capacités des agriculteurs sur la base de l’identification des problèmes. Il est devenu possible d’apporter du matériel végétal, de nouvelles variétés, de nouvelles technologies et de faire intervenir des experts dans le domaine de la production et du stockage. Le stockage reste toujours un défi pour nous, mais aujourd’hui on est leader dans le domaine de la production de fruits. »
Ensuite Léocadie SARE, conseillère technique Fert, a expliqué comment Fert construit un partenariat progressivement : « il y a une phase que l’on appelle « apprendre à se connaitre » qui peut durer plus ou moins longtemps, selon la taille et la dynamique de l’OP. La démarche reste la même mais on l’adapte. Après cette phase de connaissance, on commence des petites actions, les plus concrètes possibles, le plus souvent sur des questions techniques, car c’est dans l’action que l’on peut apprendre à se connaitre. Par la suite, les aspects de structuration, d’organisation professionnelle viennent autour de services concrets. » Ainsi, au Burkina Faso, Fert a commencé l’action avec l’ACCIR[2], qui avait déjà engagé des actions avec les producteurs de Pissila. Fert a poursuivi les actions de formation, parcelles de démonstration en augmentant le nombre et en mettant en place des producteurs relais. Ensuite, la production augmentant, des réflexions et des actions sur le stockage et la commercialisation groupés ont été menées. Aujourd’hui la Scoop de Pissila a mis en place une petite unité de transformation.
Enfin, Paul-Henri DOUBLIER, agriculteur et administrateur de Fert, a partagé son expérience de « coopération ratée » : « Jeune coopérant qui débarque au Cameroun, j’essaie de discuter avec des jeunes agriculteurs sur ce qu’on pourrait faire. Ils m’expliquent qu’ils n’ont plus de légumes en saison sèche. Je propose de faire des jardins dans les petites parcelles fertiles. Et là gros orage, les jardins sont partis. En fait pour accompagner il faut être humble, laisser ses a priori, et être vraiment à l’écoute. ».
Quelle que soit l’origine des organisations de producteurs, le défi reste ensuite la construction, la recherche permanente de leur viabilité. Les intervenants témoignent à nouveau de l’approche de leur organisation.
La viabilité de CGA passe par la qualité des services rendus et l’implication des jeunes. Raymond KIPROP NG’ENO précise : « Aujourd’hui, les producteurs ont confiance en CGA car elle les représente et offre des services utiles » : accord avec les fournisseurs d’intrants pour garantir les prix, accord avec une société pour connaître les besoins en engrais des sols, visites d’échanges entre agriculteurs pour avoir de nouvelles idées et découvrir de nouvelles pratiques, commercialisation groupée. Alors que cultiver est une punition à l’école, CGA développe une stratégie pour séduire les jeunes : elle les invite à participer aux formations, aux rencontres, aux visites d’échanges, aux parcelles de démonstration. CGA pousse aussi le gouvernement pour la remise en route des groupes de jeunes agriculteurs. Les effets se font déjà sentir puisque les jeunes commencent à cultiver de petites parcelles avec des cultures à cycle court (tomate, pomme de terre).
Adad, quant à elle, base sa viabilité sur deux piliers : le développement de la technique et la durabilité économique. En attendant l’entrée de l’Albanie dans l’Union européenne, Adad a conclu des accords avec certains pays, en lien avec le ministère de l’Agriculture. Pour produire des produits de qualité, « Fert nous aide dans une stratégie à court et moyen terme : commencer par stocker le produit en chambre froide, puis le traitement, l’emballage, l’étiquetage et jusqu’à la commercialisation. Toutes ces étapes doivent être accompagnées de technologie de stockage et de variétés stables et commercialisables ». En termes de financement, 50% du budget d’Adad est assuré par ses ressources propres et le reste par des donateurs et projets. « La durabilité, c’est la clé principale pour faire avancer une organisation, mais le revenu des agriculteurs est tel qu’ils ne parviennent pas à couvrir les coûts de fonctionnement de l’organisation. » et malgré les services rendus par Adad (formations, appui conseil, références techniques), « nous n’avons aucun financement de l’État. C’est le problème de financement auquel nous sommes confrontés pour l’avenir en tant qu’organisation. »
En Tunisie, le GDA n’ayant pas de statut commercial, il cherche des stratégies pour financer ses services et les pérenniser : « on se fait payer le service de tonte par les éleveurs ; pour le conseil, ils doivent payer un forfait annuel », explique Abdelkrim BEN YOUSSEF. A moyen terme, le groupement réfléchit à créer plus de valeur ajoutée en créant une société commerciale, mais il faut d’abord « fidéliser les éleveurs pour qu’ils s’approprient le GDA et s’habituent aux raisonnements économiques. »
Léocadie SARE explique que depuis quelques années, Fert s’est dotée d’outils pour accompagner la viabilité économique des OP dès la mise en place d’un service, en partenariat avec l’Ifocap. « Les réflexions sont plus ou moins avancées selon les organisations et les services, car sur un service de commercialisation, il est facile de faire un prélèvement mais sur un service de conseil, c’est plus compliqué ».
Paul-Henri DOUBLIER insiste enfin sur les bases d’une organisation : « se choisir, décider de faire quelque chose ensemble, avoir un projet, une vision. Quand on a envie, un projet, une vision, on y arrive. Une chose essentielle, dès le départ il faut penser à l’autonomie de son organisation. Ce n’est pas tabou de dire au début, il faut cotiser. L’organisation d’une OP même si elle arrive à maturité, ce n’est jamais fini, il y a toujours des défis à relever, il faut toujours être en mouvement et pour être en capacité de répondre à tous ces défis. Le défi de la pérennité se pose tout au long de la vie d’une organisation et la formation professionnelle tout au long de la vie telle que Fert le fait, accompagne cette pérennité. »
[1] La viabilité se définit comme la capacité à i) fonctionner de manière stable dans le moyen et long terme, ii) répondre à la demande en se développant selon l’évolution de celle-ci et iii) faire preuve de résilience face aux chocs/crises
[2] Association champenoise de coopération internationale