Début mai 2022 s’est tenue à Akhaltsikhe, dans la région du Petit Caucase en Géorgie, une réunion de restitution des résultats technico-économiques des 17 éleveurs laitiers engagés dans un suivi mensuel de leurs exploitations. Depuis 4 ans, le GBDC (Georgian Business Development Center) propose aux éleveurs de l’association Ertoba cette démarche qui leur permet de mieux suivre leurs exploitations et d’échanger entre pairs au sujet des leviers permettant d’augmenter leurs revenus.
L’alimentation, le goulot d’étranglement
« Cette année a été difficile, j’ai manqué d’aliments car les gelées étaient tardives, et il a fait très sec pendant l’été. J’ai dû aller faucher dans les alpages à 3000 mètres d’altitude pour constituer mes stocks pour l’hiver… mais ça m’a couté cher » explique Nugzar, éleveur laitier à Iveria lors du démarrage de la réunion de restitution des résultats 2021.
Pour Samvel, l’année fut plutôt satisfaisante, mais il soulève aussi le problème d’alimentation : « cela reste toujours un problème ; j’aimerais produire plus et agrandir mon troupeau, mais je n’ai pas assez de surface à pâturer. Alors j’ai acheté des aliments à l’extérieur, mais les prix ne cessent d’augmenter ».
Ces difficultés d’accès aux fourrages en 2021 se sont traduites concrètement par une baisse des volumes de lait produit (-21%) et par une hausse des charges dédiées à l’alimentation. Elles ont mis en difficulté les élevages au cours de l’hiver 2021/2022. Certains éleveurs ont dû prendre la décision de revendre une partie de leur cheptel faute de stocks fourragers disponibles.
Le prix moyen du lait à la hausse
Malgré ces difficultés, les agriculteurs sont étonnés de voir leurs résultats positifs. Pour le groupe, la marge brute moyenne en 2021 s’élève à 1 498 GEL par vache (environ 490€) ; soit une hausse de 18% par rapport à l’année précédente. « Ce qui nous sauve, c’est le prix du lait qui a augmenté cette année », cite l’un d’entre eux. On constate en effet une hausse de 0,09 GEL par litre de lait, ce qui représente un gain moyen par vache de 135 GEL. Cependant, mis à part ceux qui transforment leur lait en fromage, les agriculteurs n’ont pas la main sur le prix du lait.
Un outil d’aide à la décision
Au-delà des chiffres, des graphiques et des classements présentés au cours de cette restitution, les agriculteurs ont été invités à échanger sur leurs pratiques, justifier leurs résultats et comprendre ce qui a fait la différence avec son voisin. Ces calculs de marge permettent surtout aux éleveurs de comprendre les différentes stratégies que chacun a retenus et d’apprécier celles qui ont le plus payé.
Conscients qu’ils ont peu de marge de manœuvre quant au prix du lait, les éleveurs ont conclu cette réunion sur la nécessité de produire plus, et donc, de mieux alimenter leurs vaches : constituer davantage de stocks pour l’hiver pour continuer à produire du lait en hiver ; mieux valoriser les surfaces de pâturages et produire davantage de fourrages de qualité ; mieux équilibrer les rations. Autant de pistes qui seront travaillées au cours de l’année avec les techniciens du GBDC.