L’élevage fait partie intégrante des systèmes d’exploitation familiale de la grande majorité des paysans des régions d’Arusha et de Kilimanjaro, Tanzanie. En plus de fournir aux ménages une certaine diversité alimentaire grâce à la production de viande, de lait et d’œufs, l’élevage de vaches, de chèvres et de poulets jouent un rôle essentiel dans la viabilité des exploitations : il génère un revenu régulier en complément des revenus saisonniers issus des productions végétales.
Le contrôle des maladies animales reste cependant une problématique récurrente pour les éleveurs. Elles impactent fortement le développement et la rentabilité de leurs ateliers d’élevages. Même si l’État propose un service public de santé animale, le nombre de vétérinaires demeure insuffisant et se concentre sur les gros animaux (bovins, caprins), ce qui ne permet pas de satisfaire la demande des producteurs.
Fert propose une formation des auxiliaires de santé animale, appelés « paravets », afin d’apporter un service adapté aux besoins des éleveurs.
Une mission axée sur la prévention des maladies
Suite à la formation d’un premier groupe en 2015, une évaluation du dispositif a été menée mi 2017. L’objectif était de comprendre comment ces paravets travaillent auprès des éleveurs afin de mieux définir leur mission et organiser la formation d’un second groupe de paravets en 2017.
Il ressort de cette évaluation que :
- Les paravets formés sont actifs sur le terrain : ils dédient 3 heures par jour en moyenne à cette activité, et interviennent principalement sur les bovins, les caprins et les volailles ;
- La mortalité, principalement des volailles, a significativement diminué grâce à la vaccination et l’amélioration des conditions d’élevage ;
- Le service est rentable : les paravets dégagent une marge de 50% en moyenne après déduction du prix des médicaments et des déplacements ;
- Plus la relation avec les agents des services vétérinaires de l’État est étroite, plus le service est de qualité.
Sur la base de ces éléments, et en collaboration avec les responsables des services étatiques de santé animale, mais également avec les élus des groupements accompagnés, la mission des paravets a été recentrée sur le conseil technique et la prévention des maladies ; un processus de sélection a aussi été mené pour identifier 13 nouveaux paravets à former en 2017.
Pour cette seconde session, la formation – financée par Fert – a porté sur les bonnes pratiques d’élevage des volailles, chèvres/moutons et vaches laitières (hygiène, habitat, alimentation) , le déparasitage des animaux, la vaccination des volailles et la réalisation de petits traitements (sur volailles et caprins/ovins principalement). Elle a eu lieu à Himo en octobre 2017 au sein du centre de formation Kilacha, reconnu par l’État. Des kits médicaux, comportant des équipements de base et quelques médicaments, ont été distribués pour permettre aux paravets de démarrer leur activité et de pouvoir continuer la formation pratique sur le terrain. Ainsi, les conseillers de proximité accompagnent les paravets durant leurs interventions et les conseillent sur l’établissement des prix pour assurer la qualité et la durabilité de leur service.
Dans la continuité de la formation, une réunion a été organisée en novembre 2017, en présence des nouveaux paravets et des agents de santé animale étatiques afin de renforcer de leur collaboration. Après avoir reçu leur autorisation d’exercer leur activité de la part des responsables des services de santé animale, les paravets ont été mis en relation avec les vétérinaires étatiques de leurs secteurs.
Des premiers pas très encourageants
Après quelques mois d’activité, les nouveaux paravets ont pris leurs marques. C’est le cas d’Abdalah Kahanankila, intervenant dans le secteur de Ngare Nanyuki, qui intervient principalement auprès des éleveurs de poulets.
« J’organise régulièrement des vaccinations groupées de poussins pour faire face à la forte demande des éleveurs. Pour ce faire, après estimation des besoins, on décide d’une date pour conduire la vaccination, et je me rends en ville pour acheter les vaccins que je ramène dans ma glacière. »
Abdalah prend très à cœur sa mission. Il est de plus en plus sollicité et reconnu par les éleveurs pour ses services, en partie grâce à la relation qu’il entretient avec le vétérinaire de son secteur, qui, conscient des besoins, voit d’un bon œil l’arrivée du paravet.
« Lorsque je fais face à un cas que je ne maitrise pas, je contacte le vétérinaire de mon secteur pour lui faire part des symptômes observés. Dans la mesure du possible, il m’indique quoi faire pour répondre aux attentes de l’éleveur. Aussi, le vétérinaire m’invite ponctuellement à le suivre sur ses tournées, pour me former sur de nouvelles interventions qui sont à ma portée. »