Depuis 2017, Fert accompagne une dizaine d’arboriculteurs de Tighermatine (cercle de Rich – Haut Atlas central) dans le but de renforcer leurs compétences en conduite et gestion de leurs vergers de pommes. En septembre 2020, 7 agriculteurs ont créé la coopérative Tamknassete, résultat de 3 ans d’animation locale de Fert.
Grâce à l’animation locale mise en place depuis plusieurs années et aux échanges avec d’autres agriculteurs de la zone de Rich également accompagnés par Fert, les agriculteurs de Tighermatine ont constaté l’importance de s’organiser collectivement pour mutualiser leurs efforts et leurs moyens.
Les agriculteurs à l’origine de la coopérative de Tighermatine ont identifié divers problèmes communs auxquels ils pourraient faire face ensemble. Ces difficultés concernent principalement la conduite technique des vergers, l’approvisionnement en intrants et la commercialisation.
Paroles d’agriculteurs de Tighermatine
« La vente des pommes est notre principal revenu, on est obligé de vendre sur pied, même à bas prix (2 MAD/kg), car on n’a pas la trésorerie, ni les moyens financiers de procéder à la récolte et au stockage. »
« On ne maitrise pas bien les bonnes pratiques de conduite de nos vergers. De ce fait, nos calibres sont hétérogènes et il y a des maladies et des dégâts de ravageurs. »
Fert accompagne la jeune coopérative dans sa réflexion stratégique ainsi que dans la définition et la priorisation de ses chantiers. Les arboriculteurs de Tamknassete réfléchissent actuellement à plusieurs chantiers :
- Améliorer la production et la qualité de leurs pommes en adoptant une meilleure maîtrise de l’éclaircissage et de la conduite technique de leurs vergers. Une bonne maîtrise des techniques leur permettra d’améliorer la qualité de leurs pommes et d’accéder à des marchés plus rémunérateurs. La coopérative souhaite ainsi poursuivre et développer l’accompagnement technique des agriculteurs avec Fert et formaliser un partenariat avec le centre de conseil agricole de Rich.
- Mutualiser l’approvisionnement en intrants en négociant des achats groupés d’intrants avec un distributeur de produits phytosanitaires agréé par l’ONSSA.
- Améliorer la valorisation des pommes en négociant les prix avec les intermédiaires. Les membres de la coopérative souhaitent s’inspirer de l’expérience des agriculteurs du village d’Aït Bouchbout. Ces derniers négocient avec l’acheteur, avant la récolte, un prix unitaire à la caisse de pommes. Le prix total de la parcelle est ainsi calculé après la récolte, sur la base du nombre réel de caisses récoltées.
- Faciliter la commercialisation en développant un service de location de caisses. La coopérative proposerait des modalités de locations plus souples que les loueurs privés palliant ainsi les difficultés de trésorerie des membres et la faible disponibilité de caisses à louer dans la zone.
- Accompagner progressivement les membres vers une diversification des variétés de pommes cultivées pour répondre au mieux à la demande.
Paroles d’agriculteurs de Tighermatine
« Nous les petits agriculteurs, nous n’avons pas de garantie à donner aux loueurs de caisses : on n’a pas de compte en banque, on n’a pas de capital, on n’a pas de trésorerie … Sans caisse, on est bien obligé de vendre notre production sur pied. »
« On sait que les intermédiaires nous proposent des prix bas, mais l’hétérogénéité de nos productions et de leur qualité et le manque d’expérience en commercialisation nous empêchent pour l’instant de pouvoir négocier le prix de vente. »
Les agriculteurs membres, très investis, ont déjà discuté de projets d’avenir pour la coopérative, tels que le développement d’une production, en propre à la coopérative, sur des terres collectives où des pommes et des plantes aromatiques et médicinales pourraient être produites. Ils ont également évoqué des services qu’ils pourraient, dans le futur, proposer aux membres, notamment en ce qui concerne la valorisation d’une luzerne, très cultivée par les agriculteurs de la région. Cette luzerne est vendue à bas prix aux intermédiaires, la coopérative réfléchit donc à un moyen de valoriser cette luzerne afin de la commercialiser collectivement en direct avec les éleveurs.
Paroles d’agriculteurs de Tighermatine
« Les vendeurs de produits phytosanitaires nous proposent surtout les produits qui leur assurent une plus grande marge, des produits souvent très chers pour nous. En plus, parfois ces produits sont inefficaces pour combattre les problèmes phytosanitaires dont souffrent nos vergers. »
Au-delà du conseil agricole aux arboriculteurs, Fert va pouvoir accompagner cette jeune organisation.
Fert intervient au Maroc en partenariat avec IECD Maroc.