A Madagascar, le Ceffel (Conseil Expérimentation Formation en Fruits et Légumes), une organisation paysanne accompagnée par Fert et affiliée à Fifata, développe la production de bio-intrants au service des agriculteurs du groupe Fifata. L’objectif : accompagner les producteurs dans leurs pratiques agroécologiques et améliorer la production de fruits et légumes.
Depuis 2006, le Ceffel mène des expérimentations pour améliorer les itinéraires techniques respectueux de l’environnement. Dans la continuité de ces expérimentations, le Ceffel dispense des formations techniques sur la production de bio-intrants pour aider les agriculteurs à réduire les charges liées à l’achat d’intrants, améliorer les rendements et obtenir des produits de meilleure qualité.
Les bio-intrants, une alternative efficace aux intrants chimiques
A Madagascar, les intrants chimiques (engrais, insecticides, pesticides…) sont importés depuis l’étranger ; ils sont globalement chers et difficiles à trouver dans les campagnes. Les producteurs pointent également le problème de la qualité très inégale des produits (beaucoup de contrefaçons).
Dans ce contexte, les bio-intrants (engrais verts, biochar, compost, plantes insecticides …) constituent une alternative très pertinente aux intrants chimiques. Bien préparés à partir de matières organiques récupérées ou produites sur l’exploitation, ils se révèlent particulièrement efficaces et peuvent être produits localement dans les villages, limitant ainsi les problèmes d’accessibilité.
En s’appuyant sur un dispositif de paysans relais au niveau des OP locales et régionales, le Ceffel forme ces acteurs et fourni les premiers intrants à multiplier. Plus de 100 paysans relais « agroécologie » ont ainsi été identifiés et formés par le groupe Fifata dans les régions Analamanga et Itasy ; ils produisent chaque année 70 000 litres de biofertilisants réduisant ainsi le recours des producteurs aux produits chimiques.
Parmi les bio-intrants, on peut citer le compost liquide, fabriqué notamment à partir de bouse de vache. Ce fertilisant est également un insecticide efficace contre un ravageur de la tomate, le Tuta absoluta, apparu sur l’île en 2018. Ce ravageur ayant acquis une certaine résistance, les insecticides chimiques n’étaient plus efficaces. Le Ceffel a donc formé des agriculteurs volontaires à la production et l’utilisation de compost-liquide. Ils ont rapidement pu constater ses bienfaits. Leurs parcelles de tomates n’étaient plus infectées par le ravageur. Le compost liquide leur a également permis d’augmenter leurs rendements et de donner des fruits de meilleure qualité.
Accompagner les producteurs vers des pratiques agroécologiques
Grâce à son exploitation de 20 hectares au niveau de son centre d’Andranobe, commune d’Antsirabe, sur les Hautes Terres malgaches, et à une équipe très qualifiée et en contact permanent avec les agriculteurs, le Ceffel conduit de nombreuses expérimentations pour répondre aux questions des producteurs de fruits et légumes. Ces expérimentations permettent de promouvoir de nouvelles pratiques agroécologiques. Les bio-intrants permettent notamment de respecter la biodiversité en repoussant les ravageurs au lieu de les tuer comme le font les insecticides chimiques.
Les dernières expérimentations en date concernent la production de biochar (carbonisation de matière organique) à partir de balles de riz comme fertilisant et la multiplication artisanale d’une bactérie, la Bacillus Thuringiensis, reconnue pour ses propriétés insecticides.