Partenaires depuis 2001, l’Agri-agence Fert et le Cneap (Conseil national de l’enseignement agricole privé) accompagnent 5 collèges agricoles fédérés au sein de Fekama, membre du groupe Fifata, à Madagascar. Dans le but de former des jeunes agriculteurs compétents, les formateurs des collèges s’efforcent d’adopter une pédagogie la plus efficace possible. Afin de faire profiter Fekama de la longue expérience du Cneap, du 6 au 19 octobre 2019, Fert, le Cneap et Fekama ont organisé un voyage d’étude en France dans les lycées agricoles de Dol-de-Bretagne et Pontarlier pour Rova, conseillère pédagogique et Maharavo, directrice de l’un des collèges agricoles Fekama.

Quelles étaient vos attentes pour ce voyage ?

Visite de l’exploitation pédagogique du lycée agricole Les Vergers à Dol-de-Bretagne

Rova

À la suite du plan d’actions élaboré pendant la mission du Cneap à Madagascar en 2017, je voulais voir comment les méthodes et techniques pédagogiques comme la pluriactivité ou la méthode inductive qu’on a commencé à mettre en œuvre dans les collèges sont pratiquées dans les lycées Cneap. Je voulais aussi apprendre sur les modalités et outils pour évaluer les élèves dans une approche par compétences.

Maharavo

En tant que directrice, je voulais surtout apprendre sur la gestion d’établissement, mais les lycées agricoles du Cneap sont tellement grands comparés aux collèges agricoles Fekama que j’ai surtout focalisé mes questions sur la vie scolaire et la gestion éducative, ainsi que la conduite de formations, car je suis aussi formatrice.

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris ?

Maharavo

Tous les apprentissages sont très détaillés : toute tâche est décomposée étape par étape et chaque geste est très détaillé. Par exemple après avoir libéré une vache, chez nous les élèves plient négligemment la corde et la lancent dans le placard, alors que dans le lycée Cneap où nous sommes allées, nous avons vu que les élèves apprennent même à faire un nœud bien fait !

Rova

Les élèves ont de la chance d’avoir de belles infrastructures qui leur permettent de faire des recherches documentaires même sur internet et des exploitations pédagogiques très bien équipées.

En revanche, j’ai été surprise que peu de professeurs suivent des formations pour renforcer leurs compétences, notamment par rapport aux innovations pédagogiques. La manière de gérer les élèves difficiles m’a aussi impressionnée : rien qu’avec leur posture, les professeurs parviennent à rétablir le calme sans même avoir à hausser la voix !

Observation d’un cours en salle au lycée technologique Jeanne d’Arc à Pontarlier

Quelles sont les choses les plus importantes que vous avez apprises ?

Visite au « panier de Jeanne » magasin de vente dans lequel les élèves du lycée de Pontarlier s’exercent à la vente

Rova

Tout était très enrichissant mais je retiens surtout l’importance d’avoir des outils pour les formateurs (emploi du temps, ruban pédagogique) qui leur soient réellement utiles et actualisés. Les professeurs des lycées Cneap ont un classeur avec tous leurs outils, affichés et tenus à jour.

Sur l’évaluation des élèves j’ai aussi pu voir beaucoup d’exemples, ce qui me permettra de construire et faire construire par les formateurs des grilles cohérentes.

Maharavo

J’ai beaucoup appris sur la gestion éducative, par exemple fermer les dortoirs, mettre des casiers pour les élèves dans les salles de classe, occuper et divertir les jeunes pendant le weekend … J’ai aussi vu l’importance d’élaborer un projet d’établissement afin d’avoir une vision à moyen terme.

J’ai beaucoup apprécié aussi le quart d’heure de lecture et l’obligation de regarder le journal télévisé pour éveiller l’esprit critique, je vais essayer de mettre cela en place dans mon collège agricole de Befandriana (au nord de Madagascar).

Est-ce qu’il y a des choses dont vous êtes fières dans les collèges Fekama à Madagascar ?

Maharavo

En tant que directrices, nous nous efforçons d’accompagner et suivre les formateurs, nous connaissons bien ce qui se passe dans les classes. Mais quand les lycées sont grands comme ceux que nous avons visités, la direction n’est plus directement impliquée dans la formation et sa coordination.

Nous parvenons aussi à impliquer les parents des élèves, ceux-ci participent à plusieurs réunions par an.

Rova

Je suis fière de voir que dans les collèges Fekama, les innovations telles que l’approche inductive ou la pluriactivité sont appropriées par les formateurs et bien intégrées dans leurs pratiques.