Dans le cadre de l’année internationale de l’agriculture familiale, Fert et Farm, ont organisé le 7 mai 2014 un petit-déjeuner débat sur le thème « Investir avec les agriculteurs en Afrique : bonne ou mauvaise idée ? ».
Cette année, tout le monde parle d’agriculture familiale. Chez Fert, on ne parle pas souvent « d’agriculture familiale ». Pourtant, l’association Fert s’inscrit dans la mouvance du groupe Céréaliers de France, qui comprend une écrasante majorité d’exploitations individuelles gérées par des familles. Par ailleurs, Fert appuie dans des pays « du Sud » des exploitants agricoles individuels, « familiaux », qui cherchent à s’organiser pour permettre et/ou faciliter leur propre développement.
Sans entrer dans les débats sur les définitions des agricultures familiales, pour Fert, la distinction essentielle réside entre « agriculture de firme », qui peut employer des dizaines, voire des centaines ou des milliers de salariés, et les autres exploitations agricoles. Fert s’intéresse aux autres.
Quelle que soit la taille de son exploitation, le paysan engage son propre capital foncier, matériel, financier et son travail, éventuellement complété par d’autres. Comme tout entrepreneur, il a une approche globale de son exploitation et subit les conséquences positives ou négatives de ses choix. Il gère ses relations avec l’amont (ses fournisseurs) et l’aval (ses clients). Il gère ses relations avec l’environnement qui conditionne en partie son activité : les sources de financement, les interventions de l’Etat (appuis et prélèvements), les infrastructures, la formation, etc.
Tout cela, chaque agriculteur ne peut le gérer seul. La capacité à se moderniser d’une agriculture de ce type dépend donc aussi de sa capacité à s’organiser.
La conviction qui a présidé à la création de Fert est qu’une des voies les plus prometteuses du développement des agricultures du Sud passe par deux concepts qui ont été fondamentaux dans le développement de l’agriculture européenne et qu’il faut tenir ensemble :
- l’agriculteur est un entrepreneur responsable de son développement;
- l’une des conditions nécessaires de ce développement est que l’agriculteur soit capable de créer avec d’autres des organisations professionnelles à même d’apporter les services dont ils estiment avoir besoin.
Parmi les services essentiels auxquels les paysans ont recours, il y a le financement.
Mais avant les financements de type bancaire ou micro-bancaire, il y a les fonds propres.
Le propre des exploitations familiales et assimilées est un capital apporté et détenu par la famille.
Comment les institutions financières spécialisées dans l’apport de fonds propres peuvent-elles contribuer au renforcement de ceux des exploitations agricoles familiales ?
Comment des investisseurs locaux ou étrangers peuvent-ils intervenir dans l’agriculture en Afrique et pas seulement dans les exploitations agricoles de type plantations agro-industrielles (hévéa, canne à sucre,..) ?
Et y-a-t-il d’autres façons pour des investisseurs financiers d’apporter des contributions utiles à l’agriculture familiale ?