Créée depuis 2012, officiellement reconnue à Madagascar depuis 2016, la jeune association de conseil agricole Cap Malagasy a élu son premier conseil d’administration en mars 2016. Plus d’un an après avoir pris ses fonctions, le Président Georges Randriamarolahizafimandimby a répondu à nos questions.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Marié depuis 1998 et père de 5 enfants – quatre garçons et une fille – j’habite la commune rurale d’Ambatofitorahana, district d’Ambositra, dans la Région Amoron’i Mania. Après avoir suivi des études jusqu’en classe de terminale, je me suis installé comme agriculteur en 1996 ; je produis des semences de pomme de terre sur 40 ares et de pommes de terre de consommation sur 3,5 ha. Il faut dire que notre commune est réputée depuis longtemps pour la production de pomme de terre ; mais en 2006, nous avons connu un épisode de maladies (mildiou surtout) qui mis la filière en péril.
Pour ce qui est de l’élevage, je suis également producteur de poulets gasy (poulet de race locale) et de porcs. Enfin je cultive du riz (25 ares), du maïs et des haricots (0,5 ha).
Depuis mon installation, j’ai effectué mes activités agricoles de façon traditionnelle. Avec d’autres producteurs de ma commune, nous rencontrions régulièrement des maladies sur la pomme de terre, mais aussi la maladie de Newcastle sur le poulet ou la maladie de Teschen sur le porc. On a donc décidé de se regrouper en association. Pour cela, nous avons pu collaborer avec différents partenaires techniques (programme de soutien au développement rural, Pnud, etc.) qui offraient des animations et soutiens à la création d’associations. On manquait de connaissances approfondies sur la vie et la gestion associatives. Il n’y avait pas non plus de techniciens pour nous accompagner en proximité sur les aspects techniques et organisationnels.
En 2010, Fert est intervenue en mettant en place un animateur communal que l’on appelait « Anico », qui s’est véritablement installé au sein de la commune. Il nous a accompagné sur différents aspects (techniques de production, technique de gestion, organisation et vie associative). Du fait de cette grande proximité, on pouvait faire appel à l’Anico à tout moment et la relation de confiance qui s’était établie entre nous faisait qu’on pouvait partager beaucoup avec lui, jusqu’au moindre détail de notre budget familial. Ce qui était fort apprécié par les producteurs.
Vous avez été élu Président de l’association Cap Malagasy le 22 mars 2016 : quel a été votre parcours de leader paysan jusqu’ici ?
Depuis mon installation en 2006, mon parcours de paysan a été jalonné par plusieurs événements :
- En 2010, j’ai été premier lors d’un concours agricole organisé par Fert et la Direction régionale du développement rural, ce qui fut pour moi une vraie reconnaissance de mon travail. En 2014, avec la formation proposée par Fert – Formation leaders paysans – sur les leaders de proximité, j’ai été élu comme président de l’union « pomme de terre » de ma commune.
- En 2015, j’ai également été élu membre du conseiller communal, mais aussi, Président de l’association des parents d’élèves et de l’école primaire publique d’Ambatofitarahana. Des responsabilités que j’essaie d’honorer au mieux.
- En 2016, j’ai donc été élu Président de Cap Malagasy, en tant que représentant du collège des producteurs membres de Fifata, et enfin cette année, j’ai été élu président de l’association des paysans tuteurs avec le projet d’État « Formaprod ».
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager ?
Depuis la collaboration avec Fert en 2012, puis avec Cap Malagasy, j’ai pu vraiment améliorer mes compétences sur la gestion de mon exploitation. J’ai plusieurs exemples à vous donner qui ont considérablement changé la vie quotidienne de ma famille : j’ai pu acquérir 25 ares de rizières et 2 ha de tanety, j’ai amélioré le confort de ma maison familiale en remplaçant la toiture de chaume par de la tôle, et j’ai pu acheter du matériel comme un lecteur DVD ; mais surtout, mes enfants suivent aujourd’hui des études dans des écoles privées.
Avec l’accompagnement de Cap Malagasy, je me suis également formé pour devenir « Paysan relais » pour la filière pomme de terre. Ma responsabilité en tant que Paysan relais est d’aider et former à leur tour les producteurs sur des points pratiques comme par exemple les traitements phytosanitaires.En tant que Président de Cap Malagasy, je me suis engagé à ce que mes pairs puissent avancer et bénéficier des conseils octroyés par cette association de conseil agricole de proximité, afin de devenir des agriculteurs professionnels.
D’après vous, quels sont les points clés pour pouvoir aider les producteurs à avancer dans leur activité ?
Les producteurs ont toujours besoins de conseils techniques et économiques sur la gestion de leur exploitation (technique de production, gestion, organisation). Or, pour pouvoir agrandir leur exploitation, ils ont également besoin d’avoir accès au crédit auprès des institutions financières spécialisées.
En tant que premier Président de cette jeune association, quelles sont les grandes lignes du projet que vous souhaitez défendre ?
Mon premier objectif est tout d’abord de faire reconnaitre Cap Malagasy au niveau du groupe Fifata et plus globalement au niveau national afin de garantir l’accès au conseil à une majorité d’agriculteurs et ainsi améliorer le niveau de vie des producteurs. Je partage la vision du groupe Fifata : pour une « agriculture familiale, professionnelle, compétitive » et qui s’agrandit (surface, compétences des agriculteurs, …).