CHANGEMENT D’ÉCHELLE ET DIFFUSION : COMMENT LES ORGANISATIONS DE PRODUCTEURS AGISSENT POUR ACCROITRE LEUR IMPACT ?
LEAH WARTHER EN PARLE APRÈS UN STAGE À FERT
UN STAGE À MADAGASCAR
Dans le cadre de sa formation à l’Institut des régions chaudes (IRC) de Montpellier SupAgro, Leah a effectué un stage pratique de fin d’études d’une durée de 4,5 mois à Madagascar et 1,5 mois en France.
Fert est partenaire de l’Institut des régions chaudes et intervient au sein du Master MOQUAS (Marchés, organisations, qualités et services en appui aux agricultures du sud), option choisie par Leah. Il s’agit de la dernière année d’un cursus de 3 ans : SAADS (Systèmes agricoles et agroalimentaires durables au sud).
Ce stage de mise en situation professionnelle, proposé par Fert, avait pour objectifs de caractériser et d’analyser des processus de changement d’échelle pour des services agricoles proposés par les organisations de producteurs du groupe Fifata à Madagascar.
UN STAGE SUR LE CHANGEMENT D’ÉCHELLE, C’EST QUOI ?
Mon stage a consisté à comprendre, décrire et analyser des processus de changement d’échelle de quatre services mis en place au sein du groupe Fifata dans plusieurs régions de Madagascar.
Le changement d’échelle peut prendre des formes très diverses ; le décrire revient à comprendre comment nous sommes passés d’une situation initiale d’un service en fonctionnement à une situation où le service touche mieux et/ou plus de producteurs, et/ou dans plus de régions. Cela prend du temps, car pour chaque service, le processus est différent, impliquant des acteurs et des contextes variés.
Pour ce faire, j’ai réalisé des entretiens qualitatifs auprès d’une soixantaine de personnes (salariés Fert, élus et cadres du groupe Fifata, agriculteurs) : dialoguer avec les personnes impliquées dans ces services permet de comprendre l’histoire, l’organisation de l’OP (organisation de producteurs) et du service et enfin le processus du changement d’échelle. J’ai découvert que le changement d’échelle est sous-entendu dans l’action et se fait parfois implicitement. Il n’y a pas de stratégie pour « faire du changement d’échelle » et donc pas de processus type. En revanche, il est possible de trouver des conditions et des caractéristiques favorables au changement d’échelle. C’est ce que j’ai cherché à faire.
EN QUOI CE STAGE EST UTILE POUR LES OP ?
S’intéresser au changement d’échelle est très intéressant car c’est un sujet transversal et au cœur des préoccupations de différents acteurs sur le terrain. A leur niveau, les OP sont soucieuses de répondre aux besoins de leurs membres en proposant un service de qualité et en proximité… mais en parallèle, elles cherchent à avoir un plus grand impact, en offrant ces services à un plus grand nombre de producteurs. Mon travail permet de comprendre et de partager les stratégies adoptées par plusieurs OP pour concilier qualité et impact, et ainsi aider les OP à imaginer comment elles peuvent « changer d’échelle ».
A QUELLES CONDITIONS UNE OP PEUT FACILITER LA DIFFUSION DE SES SERVICES ?
A travers l’étude de quatre services, il est possible d’identifier des ‘conditions favorables’ pour faciliter la diffusion de services, que ce soit à l’échelle locale, régionale ou nationale :
- Avoir un service ‘préalable’ maitrisé au sein de l’OP et dont les producteurs, les élus et les techniciens sont convaincus de l’intérêt.
- Valoriser l’expérience de cette OP, notamment via l’utilisation de l’effet démonstratif « par-dessus la haie » : à travers les parcelles de démonstration, avec un agriculteur innovant qui va attirer l’attention de ses voisins, par les voyages et l’échange entre pairs pour s’interpeller, via les différents travaux de capitalisation, de vulgarisation.
- Respecter le temps nécessaire à la diffusion et ne pas la forcer : cela passe notamment par la relation de confiance qui doit s’instaurer entre les acteurs impliqués dans le service (agriculteurs et techniciens) mais aussi par la formation et une bonne communication entre les personnes. Ce temps est nécessaire pour s’assurer que le besoin en services a bien été identifié.
ET POUR CONCLURE
Avoir une ‘recette clé’ pour changer d’échelle : la tentation est grande de vouloir généraliser ces processus et formuler des préconisations à l’égard de ceux qui accompagnent les organisations de producteurs. Mais Leah est bien consciente que cela est impossible : elle nous rappelle que son étude s’inscrit dans un contexte particulier, où Fert est présente depuis plus de 30 ans à Madagascar, et où le groupe Fifata constitue un réseau d’OP structurées. Ailleurs, les processus de changement d’échelle ne sont surement pas les mêmes. Ainsi, même si le changement d’échelle est au cœur de chaque OP, il n’y a pas de modèle préconçu.