Dans les différents pays d’intervention de Fert, des équipes techniques accompagnent les producteurs dans l’amélioration de leurs productions. Il est souvent dit que « la production est la base » et que son amélioration est fondamentale pour la mise en œuvre d’organisations de producteurs dynamiques et utiles à leurs membres.
Une préoccupation de long terme sur les fondamentaux agronomiques
Malheureusement, les références techniques disponibles dans chaque pays sont très souvent limitées : les documents de vulgarisation sont anciens, rarement adaptés aux réalités paysannes et prônent une intensification des moyens chimiques au détriment de la rentabilité. D’autres innovations, issues de projets de développement, de la recherche ou d’expériences lointaines, portent de nombreuses promesses mais demandent à être adaptées au contexte local pour donner leur plein potentiel. Les savoirs endogènes sont nombreux et souvent pertinents même s’ils sont mis en danger par le changement climatique et que leur efficacité est très liée à l’environnement pédoclimatique et économique.
Dans ce contexte, les OP partenaires de Fert testent et diffusent des innovations et font souvent face à des préconisations techniques contradictoires, peu validées dans les conditions locales, et ne prenant pas en compte les systèmes de production globale. Les techniciens et les membres des OP doivent construire leurs propres références en répondant aux priorités identifiées par les producteurs ce qui nécessite d’élargir les sources de connaissances et une méthode pragmatique issue du terrain.
C’est ce constat qui a poussé Fert à organiser avec ses partenaires une formation sur les fondamentaux de l’agronomie et du conseil à destination de techniciens et d’agronomes référents (salariés Fert ou salariés des OP partenaires) dans les différents pays d’intervention pour progresser sur des bases communes et partager leurs expériences.
Une formation qui lie la théorie et la pratique
Organisée sur dix jours du 24 février au 06 mars 2025, la formation aux fondamentaux de l’agronomie a réuni 17 personnes de 6 pays (Kenya, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Maroc, Malawi, Madagascar) à Antsirabe, sur les hautes terres de Madagascar. Elle a eu lieu principalement au Ceffel, centre de formation professionnel porté par l’association Ceffel depuis 20 ans et vitrine de l’agroécologie sur les Hautes Terres. Co-animée par Andry RASAMIMANANA, responsable technique Ceffel, et par Delphine BOUTTET Ingénieure Arvalis, la formation a également beaucoup reposé sur le partage d’expériences entre participants.
Trois modules se sont succédé, dans une approche globale du sol à la plante :
- Module Sol et Production : connaissance des sols et de leurs contraintes, fertilité des sols, outils de diagnostic et leviers d’action ;
- Module Santé des plantes : étude des principaux types de bioagresseurs et leurs facteurs de risque, savoir repérer un accident de culture et proposer des solutions de prophylaxie et de lutte directe ;
- Module Semences : identifier les mécanismes en jeu et les méthodes de multiplication semencière en milieu paysan.
Le point fort de la formation a été de relier les solides apports théoriques à des activités pratiques sur l’exploitation du Ceffel et auprès d’une OP villageoise : diagnostic de sol et de maladies, fabrication de biopesticide selon des recettes propres à chaque pays, multiplication de souche de Rhizobium ou de micro-organismes efficaces (EM), multiplication de semences… le partage d’expériences variées a permis à chacun de progresser et de s’ouvrir à de nouvelles pratiques agroécologiques.
Résultats, enseignements et perspectives
Les retours des participants sont très positifs : la formation a apporté énormément de connaissances, d’expériences réussies et une démarche de diagnostic robuste tournée vers l’action. Que l’on soit dans une agriculture conventionnelle ou très agroécologique, les « recettes » toutes faites sont nombreuses, mais fonctionnent rarement. Pour cette raison, les fondamentaux de l’agronomie sont précieux : en maitrisant les mécanismes en jeu, les techniciens des OP et de Fert sauront repérer et hiérarchiser les problèmes avec les producteurs. Leur expérience du terrain leur donnera les clés pour proposer des solutions agroécologiques efficaces et adaptées au contexte.
« La connaissance, c’est un pouvoir. Ces connaissances ne doivent pas rester entre vos mains, on compte sur vous pour les valoriser et en faire bénéficier les producteurs eux-mêmes ».
L’échange entre pairs de pays et de métiers variés (coordination technique, conseil, expérimentation et formation) a réellement porté ses fruits en créant une dynamique d’échanges et un « langage commun » entre pays. « Ensemble, on va plus loin » dit-on souvent aux producteurs : c’est aussi vrai pour l’agronomie !
Les perspectives sont évidentes grâce à un réseau de techniciens praticiens qui continuera à développer des expérimentations qui gagneront en pertinence et en impact, des références techniques beaucoup mieux valorisées et des équipes mieux outillées au service des producteurs.
« Cette formation a été précieuse pour moi, notamment par l’échange entre pays. Je rentre avec l’envie d’en tirer le meilleur en partageant les connaissances, mais aussi l’approche de diagnostic avec nos équipes et, surtout, les producteurs ».
« Cette formation a été un vrai tremplin pour accroitre mes capacités de conseiller agricole. J’ai appris qu’à partir d’actions simples jumelées à une bonne discussion avec les producteurs, je peux agir sur la santé de leur sol et de leurs cultures mais aussi les aider à avoir par eux-mêmes des semences de qualité. Cela renforce ma compréhension de la démarche Fert pour en faire bénéficier les agricultrices et agriculteurs ».
« Renforcer les compétences agronomiques de techniciens de six pays différents avec des niveaux parfois différents a été un vrai challenge. Grâce à une préparation murement réfléchie en amont du séjour, avec le deuxième formateur Andry RASAMIMANANA, la formation s’est très bien passée. Alternant des sessions en salle et sur le terrain, les trois modules proposés nous ont permis de mettre en exergue tous les messages techniques importants à transmettre aux agriculteurs. Cette formation nous a permis également de partager des méthodologies universelles utiles et utilisables dans tous les contextes pédoclimatiques (réalisation de diagnostic et proposition de solutions adaptées, capitalisation et transmissions des savoirs…). Force est de constater que tous les stagiaires ont progressé et qu’une belle dynamique de groupe s’est mise en place. Je suis convaincue que ces acquis porteront rapidement leurs fruits auprès des producteurs ».