Dans le cadre du Programme d’Appui aux Organisations Paysannes en Afrique du Nord (Paopa), Fert a initié fin 2014 l’animation d’une action pilote « camelin » en Tunisie. Un accompagnement est proposé à six associations et coopératives locales regroupant une centaine d’éleveurs/agriculteurs chacune.
Dans le sud de la Tunisie, trois gouvernorats – Mednine, Tataouine, Kébili – représentent plus de 80% des effectifs nationaux en matière d’élevage camelin.
L’élevage dans cette zone peut être qualifié de traditionnel – extensif sur parcours ; le cheptel étant encore considéré comme un patrimoine/capital, mais pas forcément dans une dimension de production. Chez certains éleveurs pourtant, on peut constater une production de viande et production laitière en phase d’intensification.
Par ailleurs, le gouvernement tunisien fait de l’élevage une filière prioritaire avec l’adoption récente d’un plan stratégique de développement à l’horizon 2020. Pour cela, beaucoup de problématiques techniques (sanitaire, alimentation, dégradation des parcours, accès à l’eau, sélection massale, etc.) sont à traiter en priorité par le gouvernement. La question du conseil technique est également primordiale.
Pour autant, lorsque la production augmente, des problèmes de commercialisation restent prégnants. A ce stade, la filière reste très peu organisée :
- L’éleveur vend une bête à un boucher à la demande de ce dernier
- Le lait n’est collecté que depuis récemment. Auparavant, il faisait seulement office de médicament. Certains élevages se tournent progressivement vers cette production même si aucun canal de commercialisation n’existe encore. Seuls quelques « circuits courts » informels se mettent en place : par exemple, un éleveur contractualise un petit volume avec une pâtisserie. Aucun système de collecte ou de pasteurisation n’étant en place dans cette région, le lait est cru et donc peu commercialisable en dehors de la zone.
Si les associations et coopératives locales engagées dans l’action pilote étaient initialement centrées sur la gestion des points d’eau et la préservation des parcours, elles réfléchissent progressivement à l’accompagnement qu’elles pourraient mettre en place pour faciliter et organiser cet énorme chantier de commercialisation qui reste à construire.
Une réflexion est également engagée concernant la valorisation des poils de dromadaire.
Utilisés traditionnellement dans les tissages du sud, la filature manuelle est progressivement abandonnée car jugée difficile, et elle ne laisse pas la place à une filature mécanisée ; ce débouché va donc être progressivement abandonné. Des relations entre éleveurs et artisans sont envisagées pour réfléchir à cette problématique.