Du 25 février au 05 mars, le parc des expositions de Paris a accueilli le Salon International de l’Agriculture 2023. Depuis un demi-siècle, le SIA rassemble chaque année tous les acteurs du monde agricole. Il est l’évènement agricole de référence, non seulement en France mais aussi à l’étranger.
Cette année, Fert et le réseau Cneap, fédération d’enseignement professionnel agricole, ont souhaité y célébrer 20 ans de partenariat au service de la formation et de l’insertion professionnelle agricole des jeunes agricultrices et agriculteurs en Afrique et plus spécifiquement à Madagascar.
Jean Salmon, président du Cneap, et Jean-François Isambert, président de Fert ont ouvert l’évènement anniversaire avec Benoit Bonaimé, directeur général de l’enseignement et de la recherche au ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire.
Des responsables professionnels de Fekama, fédération de 5 collèges agricoles, organisation professionnelle au cœur du dispositif de formation et d’insertion professionnelle agricole à Madagascar et membre du Groupe Fifata, ont fait le déplacement depuis la Grande île. Christien Dera, Vice-président de Fekama, et Ando Razafindratsima, son Directeur, étaient présents pour témoigner des besoins de formation agricole dans leur pays et des enjeux de la coopération entre Fert et le Cneap dans ce domaine.
Deux tables rondes
Deux tables rondes réunissant des acteurs clés du partenariat ont été organisées afin de retracer l’histoire, faire un état des lieux et envisager les perspectives de ce partenariat qui a vocation à perdurer, évoluer et inspirer de nouvelles actions.
Pourquoi le choix d’une formation initiale longue ?
Ando Razafindratsima, directeur de Fekama, Thierry Dedieu, adjoint au secrétaire général du Cneap et Hervé Barres, délégué régional du Cneap, ont abordé la question de la formation au métier d’agriculteur : Quels besoins ? Quelle formation pour y répondre ? Quel accompagnement pour cela ?
« L’évènement célébrant les 20 ans de partenariat entre Fert et le Cneap nous a permis de reconnaître l’importance de l’aide qu’ils apportent aux jeunes agriculteurs malgaches. C’est grâce à cela que Dera, jeune sortant de collège agricole, est parvenu à réaliser ses projets puis être élu vice-président de Fekama. Ce partenariat a soutenu Fekama et Fifata pour développer les activités des collèges agricoles afin de former des jeunes agriculteurs professionnels capables d’assurer la relève dans les organisations paysannes. Fekama et Fifata sont honorées d’avoir participé à la table-ronde car elle nous a permis de présenter nos actions en faveurs des jeunes agriculteurs malgaches ».
Regards croisés
Les jeunes agricultrices et agriculteurs sont bien sûr au cœur de tels dispositifs. C’est pourquoi il était primordial de donner la parole aux jeunes de là-bas et d’ici. Christien Dera, jeune agriculteur ayant bénéficié d’une formation au sein de l’un des collèges agricoles Fekama a témoigné de son parcours et de la plus-value de la formation. Aujourd’hui, il est également jeune leader et vice-président de Fekama. Raphaël et Dylan, élèves au Lycée BeauSoleil de Céret dans les Pyrénées orientales ont, quant à eux, témoigné de leur implication dans les actions de solidarité internationale au sein de leur lycée et dans les échanges menés à distance avec les élèves des collèges agricoles malgaches.
Les mots de Dera
« Les échanges entre les lycées agricoles français et les collèges agricoles malgaches sont très intéressants pour les jeunes. J’ai moi-même bénéficié de cet échange quand j’étais au collège. Des jeunes et des formateurs du Cneap sont venus à Madagascar pour nous accompagner sur le terrain. Ces échanges ont également perduré par mail et continuent jusqu’à présent. Nous avions par exemple partagé nos expériences au sujet de la lutte biologique face aux maladies de cultures ».
Les mots de Raphaël
« […] nous apprenons de nos partenaires malgaches car c’est un échange d’égal à égal, entre élèves suivant des formations et pensant à l’avenir. Nous sommes
dans la réciprocité et le partage. A travers le regard et le vécu de l’autre nous nous enrichissons mutuellement et comprenons les valeurs que l’on veut avoir et communiquer ».
Les mots de Dylan
« […] nous mettons en place des actions de solidarité visant à collecter des fonds en faveur de la scolarisation des élèves malgaches. Un événement Bol de riz organisé au sein du lycée appelle à une mobilisation de tous les apprenants et de la communauté éducative. Nous avons également vendu des flacons d’huile essentielle de lavande. »
Pour clore ce temps fort, en signe d’amitié et de reconnaissance pour le travail accompli et les résultats atteints, Jean Salmon, président du Cneap, a remis la médaille du Cneap aux présidents de Fifata et Fekama qui n’ont malheureusement pu faire le déplacement.
Philippe Poussin, secrétaire général du Cneap a ensuite rappelé les valeurs et fondamentaux de ce partenariat particulièrement vertueux : « Alors que nous sommes tous conscients qu’il y a urgence, notre action s’inscrit dans la durée ; ce n’est pas antinomique. S’il faut une action rapide, la réflexion d’une part et sa mise en œuvre d’autre part ne peuvent que s’étirer dans le temps, une continuité sans cesse réinterrogée. Un partenariat, on l’aura compris, se construit, ne s’exerce pas rapidement. Bâti sur la confiance mutuelle, il exerce sur ses membres une action profondément transformatrice, structurante et mouvante à la fois. »
Découvrez le Guide technique pour la création d’un centre de formation agricole et rurale !
Ensemble, Fekama, Fert et le Cneap ont annoncé le projet de création d’un sixième collège agricole dans la région Vatovavy. Fert et le Cneap ont également présenté leur nouveau « Guide technique pour la création d’un centre de formation agricole et rurale » qui reprend toutes les étapes de réflexion, construction et ouverture d’un tel centre. Ce guide est le fruit de 20 ans d’expérience, d’échanges et de savoir-faire à Madagascar et en Côte d’Ivoire. L’aboutissement de ce projet est à l’image des convictions de l’agri-agence Fert rappelées par son président Jean-François Isambert : « Il n’y a pas de sécurité sans alimentation, pas d’alimentation sans agriculture et pas d’agriculture durable sans agriculteurs bien formés, organisés et solidaires ».