Depuis 2018, le GBDC et Fert accompagnent des éleveurs géorgiens volontaires, membres d’Ertoba, dans le suivi économique de leur exploitation pour leur permettre de mieux comprendre l’impact de leurs pratiques sur leurs résultats économiques et les sensibiliser à l’importance d’une culture de l’écrit et d’un suivi économique.
Réunis autour de la table, les 16 éleveurs géorgiens sont concentrés, et pour cause, ce mardi 13 avril a lieu la restitution annuelle de leurs résultats économiques pour l’année 2020. Inspiré par la méthode EcoLait déployée en France par le BTPL*, ce suivi mensuel permet de recenser les principaux postes de charges et de produits de l’atelier lait, de calculer une marge brute, et, en groupe, de les analyser pour mieux comprendre les variations de résultats entre les producteurs.
*Bureau Technique de Promotion Laitière, partenaire de Fert
Un outil simple pour renforcer la culture de l’écrit
Chaque mois, les 16 producteurs engagés renseignent leur fiche de collecte : nombre de vaches traites, volume de lait produit, volume de lait vendu en frais et/ou transformé, quantité d’aliments achetés et consommés, frais vétérinaires… Quelques informations essentielles qu’ils transmettent à leur conseiller agricole pour qu’il les compile dans une base de données. En retour, chacun d’eux reçoit une fiche de synthèse permettant de comparer les résultats d’un mois à l’autre. L’outil se veut volontairement simple pour ne pas décourager les éleveurs, pour qui l’écrit n’est pas une habitude.
Le groupe, un espace de débat
Une fois par an, une restitution collective est organisée pour partager les résultats de chacun. Dans le groupe où règne un climat de confiance, le choix a été fait de ne pas anonymiser les résultats pour faciliter le débat.
Après avoir présenté les principales données du groupe, le conseiller démarre sa présentation par l’analyse du prix du lait : comparaison avec l’année passée, comparaison entre la moyenne du groupe et les données nationales, fluctuation au fil de l’année, comparaison entre producteurs selon le mode de valorisation du lait. Ces comparaisons mettent en évidence la corrélation entre variation de prix et production de lait.
Grâce à des analyses graphiques, les éleveurs peuvent prendre conscience de leurs écarts de production selon leurs choix et pratiques, que ce soit sur l’alimentation (pratiques de l’alpage, effets du prix des aliments ou faible disponibilité en fourrage liée à la sécheresse durant l’été) ou sur la gestion de la reproduction (impact de l’insémination artificielle sur le potentiel des vaches, durée du tarissement).
Quand l’économique sanctionne le technique
La restitution annuelle est également l’occasion de présenter un classement des éleveurs par marge brute par vache. Les écarts sont parfois importants. Cette année, les marges brutes allaient de 700 GEL/vache à 4 300 GEL/vache alors que la moyenne du groupe se situait à 1 790 GEL/vache. Certains éleveurs peuvent s’étonner de leur bonne position, d’autres cherchent à se justifier ; mais tous sont intéressés pour mieux comprendre ce qui explique ces résultats. Bien que la marge brute offre une vue partielle de la réalité, elle permet de se comparer, d’échanger et de s’interroger sur ce qui pourrait être amélioré.
Pour 2021, plusieurs pistes ont été discutées pour améliorer les résultats des éleveurs géorgiens, notamment l’amélioration du potentiel laitier des vaches par insémination artificielle, la recherche d’une plus grande autonomie fourragère ou encore le développement de la production fromagère à la ferme pour une meilleure valorisation du lait.