Dans les régions d’Arusha et de Kilimanjaro, la quasi-totalité des paysans élèvent traditionnellement des poules pondeuses locales qui leur confèrent une source de revenus régulière à moindre coût. Depuis quelques années, de nouvelles races de poules croisées ont même fait leur apparition dans le paysage agricole.
Conscients des performances et du potentiel économique de ces nouvelles races de poules, mais aussi de leur coût et de leurs exigences en termes d’hygiène et d’alimentation, 24 groupements ont décidé avec leurs producteurs pilotes de mettre en place en 2016 des élevages de poules croisées afin de les expérimenter et éventuellement de les multiplier pour faciliter l’accès aux autres membres.
Un accompagnement des groupements tout au long de l’expérimentation
Grâce à un accompagnement continu des conseillers de proximité, les groupements ont pu développer leurs projets. Plusieurs visites chez des multiplicateurs de poussins ont permis aux producteurs de mieux connaitre les caractéristiques des différentes races croisées et d’identifier celles répondant le mieux à leurs attentes.
Ensuite, avec les connaissances acquises lors des formations techniques, les éleveurs ont élaboré leur plan d’action, défini leurs coûts de production ainsi que les responsabilités de chaque membre.
L’apprentissage par la pratique
La mise en place de ces élevages a été riche d’enseignements. C’est le cas par exemple de Rebeca Mungure, productrice pilote et paravet*, qui souligne les difficultés rencontrées avec son groupement pour l’alimentation des animaux :
« Les poules croisées consomment beaucoup plus que celles de race locale! Pour limiter le coût, nous préparons nous-mêmes l’aliment avec des ingrédients achetés séparément ou produits sur nos fermes. Ainsi, nous avons réduit le prix de plus de 30% tout en contrôlant la qualité. »
De son coté, Mama Ndosi, aussi productrice pilote, a fait face à des problèmes de mortalité avec les premiers poussins produits :
« Malgré une bonne hygiène, nous avons perdu plus de la moitié du premier lot. Nous avons pu identifier avec notre conseillère que ces nouvelles races sont particulièrement sensibles à la qualité de l’eau. Depuis que je la fais bouillir, nous n’avons quasiment plus aucune perte de poussins. »
Vers le développement de services aux producteurs…
Après avoir observé les performances ainsi que les contraintes techniques de ces races croisées, de nombreux membres souhaitent passer le pas et démarrer leur propre élevage. Ainsi, 14 groupements ont développé leur propre fonctionnement pour permettre aux membres de se fournir en poussins.
« Dès que des membres de mon groupement sont prêts, je fais incuber des œufs avec mes poules locales, explique Rebeca. Ensuite, je les assiste pour les vaccinations et pour les traitements en cas de complications. Le reste du temps, les œufs sont vendus pour couvrir les coûts d’alimentation. »
Face à une demande grandissante, certains producteurs comme Mama Ndosi commence à developper leur propre service:
« Maintenant que je me sens compétente pour élever des poussins de race croisée, j’ai investi dans un incubateur pour 50 œufs, ce qui me permet de fournir un plus grand nombre d’éleveurs du village. »
* Depuis 2015, 28 membres de groupement ont reçu une formation de para vétérinaire (ou ‘paravet’) afin de contribuer au renforcement du service de santé animale dans les régions d’Arusha et de Kilimanjaro. Leur mission principale est d’assurer la prévention des maladies en assistant les éleveurs sur l’hygiène, l’alimentation, le déparasitage et la vaccination des élevages.