Une délégation de quatre représentants de la Cereal Growers Association (CGA), organisation professionnelle des producteurs de céréales kenyans, a participé à un voyage d’étude en France du 5 au 15 octobre 2014 auprès d’un grand nombre d’organisations professionnelles agricoles. Après 10 jours de rencontres, visites et échanges intenses à Paris et en Alsace, les participants ont unanimement souligné la pertinence et le succès de cette initiative.
Ce voyage d’étude a été organisé par l’AGPM qui a pu mobiliser ses partenaires en Alsace, dans le cadre d’un partenariat entre la CGA, l’AGPM et Fert. Il faisait suite à des missions et échanges initiés en 2012 par les trois partenaires sur les enjeux du secteur céréalier au Kenya, les stratégies à mettre en œuvre pour accompagner son développement et une réflexion sur l’intérêt d’un partenariat entre la CGA, Fert et l’AGPM, deux organisations du groupe Céréaliers de France.
Un voyage d’étude pour nourrir la réflexion stratégique de la CGA
Au Kenya, les céréales, en particulier le maïs, sont produites par tous les agriculteurs, majoritairement autoconsommées; le surplus étant destiné à la vente. Cette faible orientation commerciale n’a pas favorisé la structuration de la filière céréalière. Le Kenya est aujourd’hui déficitaire en céréales devenant ainsi importateur net de maïs depuis 2007 alors même que la demande est en croissance et que le potentiel de production pourrait être beaucoup mieux valorisé. Le secteur fait face à de nombreux enjeux tels que les difficultés d’accès au stockage, aux intrants et aux équipements de qualité, au conseil technique et aux services financiers, qui s’ajoutent aux problèmes structurels d’aléas climatiques, de morcellement des terres et d’infrastructures de communication très réduite.
Déjà impliquée à la fois sur le terrain dans des actions d’accompagnement des producteurs et dans des actions de lobbying, la CGA s’engage depuis 2013 dans un mouvement de développement de services économiques à destination de ses membres. C’est ainsi qu’elle a créé en fin d’année dernière une Société Agricole Coopérative d’Épargne et de Crédit (Sacco), destinée aux producteurs céréaliers, et qu’elle développe sa plateforme d’information technique et commerciale CerealMart. Souhaitant aller plus loin et déployer son activité dans différents « counties » (régions) du Kenya, elle a souhaité rencontrer les organisations céréalières françaises.
Une grande diversité d’acteurs rencontrés
Le programme du voyage d’étude s’est articulé autour de la question « Comment les services économiques aux agriculteurs se sont développés en France et sont aujourd’hui assurés dans une filière performante qu’est la filière maïs? »
Les rencontres à Paris au sein du groupe Céréaliers de France a permis de comprendre les missions, le fonctionnement et le financement des différents outils nationaux, mais aussi leurs modes d’encrages sur le terrain :
- AGPM (Maïs) et AGPB (Blé) dans leurs missions faîtières économiques, syndicales et de communication;
- Arvalis dans sa mission de recherche/développement appliquée,
- France Export Céréales et Passion céréales dans leurs missions internationales ou nationales de promotion des céréales
- Unigrains dans sa mission d’investissement dans les outils industriels agroalimentaires.
La rencontre d’Axema (Union des industries françaises de l’Agro-équipement), proposée par l’Ambassade de France au Kenya, a permis d’évoquer des pistes de collaboration entre CGA et celle-ci, dans l’accès au marché d’équipements adaptés aux conditions agronomiques kenyanes.
Les nombreuses rencontres organisées en Alsace ont permis de comprendre l’organisation des services aux producteurs, via des structures gérées par eux. La rencontre du Groupe Comptoir Agricole, la plus importante coopérative agricole alsacienne pour la filière maïs, en a été une très bonne illustration, avec ses différents outils économiques d’achat d’intrants (Eurapro), de vente de céréales (Eurépi) ou de fabrication d’aliment du bétail (Lorial). La rencontre avec des agriculteurs alsaciens élus au sein d’organisations professionnelles ont permis à la délégation kenyane de bien comprendre l’importance de l’implication des agriculteurs dans les structures qui les concernent de près, tels que les coopératives, le Crédit Agricole, Groupama ou encore les structures consulaires et syndicales.
Les rencontres auprès d’entreprises privées du secteur ont également favorisé la compréhension des liens entre acteurs d’un même secteur, de la production de la semence de maïs (KWS) à la vente et transformation du maïs (semoulerie Dacsa-Costimex et brasserie Meteor).
Une source d’inspiration pour la CGA au Kenya
La réunion de clôture de la mission a confirmé la pertinence du programme, et a démontré que si de nombreuses différences contextuelles existent entre la France et le Kenya, les principes qui ont conduit les agriculteurs français à s’organiser et à développer ensemble des services pertinents, peuvent très utilement inspirer les producteurs céréaliers kenyans fédérés au sein de la CGA :
- l’importance d’une vision commune et d’un engagement dans la durée des agriculteurs pour trouver, par eux-mêmes, des réponses aux problèmes auxquels ils sont confrontés,
- l’importance de la proximité et d’une entrée technique pour mobiliser et satisfaire les besoins essentiels des agriculteurs,
- le rôle fondamental de l’organisation des agriculteurs autour de services concrets,
- l’importance d’identifier des leaders paysans au niveau local.
La complémentarité des collaborations verticales (du producteur à son organisation nationale mais aussi au sein de sa filière) et horizontales (des agriculteurs entre eux et avec les autres acteurs économiques d’un même territoire) sont des éléments essentiels qui vont également alimenter la réflexion stratégique de CGA, notamment dans son objectif d’être au plus près des agriculteurs dans les territoires.