A Madagascar, les actualités récentes sur les famines dans le sud du pays ne sauraient cacher une réalité qui n’est pas nouvelle : sécheresses et/ou inondations touchent la majeure partie du territoire. Les premières victimes sont les paysans qui voient une dégradation de leur capital productif et donc une baisse de leur revenu. Les organisations de producteurs membres de Fifata se mobilisent depuis deux ans comme actrices de la reforestation et de la lutte contre le changement climatique. Pour protéger les sols et donc les revenus des agriculteurs.
Rina, jeune agriculteur de la commune rurale d’Anjialava, dans la région de la Sofia au nord de Madagascar, est fier de parler de ses projets. Il gère une pépinière de plants forestiers et fruitiers pour son groupement et exprime très simplement ses ambitions : « Dans notre pépinière villageoise, nous produisons chaque année 11 000 plants pour 20 membres. J’ai la charge de la gestion de la pépinière pour le groupe, mais pour la plantation, nous nous entraidons pour planter sur nos tanety [parcelles de versant non irriguées]. En ce qui me concerne, j’ai déjà planté plus de 3000 plants d’Accacia. Les plants ici n’ont que 5 mois. Ils poussent très vite dans la région. Dans seulement cinq ans, ils auront atteint une taille adulte et je pourrai déjà en couper pour le bois d’œuvre et pour le charbon. J’en aurai aussi planté beaucoup d’autres entre temps et ils permettront de protéger le versant qui abrite les sources de nos parcelles. C’est du travail mais c’est un investissement rentable pour nous et essentiel pour nos sols ».
Le groupement de Rina est membre de la fédération régionale FFTS, membre de Fifata. Cette organisation de producteurs régionale est impliquée dans le projet FFF (Forest and Farm Facility), mis en œuvre par Fifata dans la région Sofia depuis 2020, et étendu depuis à deux nouvelles régions (Amoron’i Mania et Vakinankaratra). Cette action, impulsée et financée par la FAO, a su prendre en compte les propositions des OP membres de Fifata pour s’adapter aux contraintes et opportunités identifiées par ces organisations proches des paysans : s’appuyer sur les groupements pour gérer des pépinières villageoises, associer des plants d’arbres forestiers et fruitiers, diffuser des pratiques agroécologiques peu coûteuses sur des filières porteuses pour générer des revenus rapidement, etc.
L’action s’appuie sur l’ancrage local des OP qui portent les services (gestion des pépinières, approvisionnement en semences et en plants, appui technique) et sur l’accompagnement des membres du groupe Fifata (l’OP spécialisée Ceffel pour la formation technique et la formation des paysans relais, la fédération régionale FFTS pour l’organisation des services aux paysans …) ou de partenaires externes, tels que l’ONG Graine de vie ou les services de la DREDD (Direction Régionale de l’Environnement et du Développement Durable) pour la fourniture des plants forestiers.
Aujourd’hui, après seulement deux ans, ce sont déjà 118 pépinières villageoises d’arbres forestiers et fruitiers qui sont opérationnelles, dont 70 ont déjà produit 158 000 jeunes plants. Parmi ces jeunes plants 51 000 sont déjà plantés dans les trois régions.
C’est le début d’une dynamique qui inspire les 12 fédérations régionales membres de Fifata et qui est porteuse d’un espoir légitime : les paysans sont les premiers concernés et peuvent être les acteurs de premier rang de la reforestation et de la protection des sols, pour leurs revenus et pour leur environnement.