Depuis une dizaine d’années, le Burkina Faso est affecté par une crise humanitaire et sécuritaire entrainant des déplacements massifs de populations. En janvier 2024, on estimait à plus de 2 millions le nombre de personnes en déplacement forcé vers les zones moins affectées par la crise dans le pays. Cette situation affecte l’ensemble du pays mais plus particulièrement les zones rurales, plus vulnérables aux attaques terroristes. Les régions agricoles et notamment la province du Bam située dans le Centre Nord sont fortement impactées.
L’Union Provinciale des Société Coopératives Maraichères du Bam (UPCOM-Bam), créée en 2005 afin d’améliorer la rentabilité des filières fruits et légumes, fédère 13 coopératives soit 300 producteurs maraichers aujourd’hui. Le contexte sécuritaire du Burkina Faso a fortement ralenti les activités de l’union ces dernières années. Cependant, les agriculteurs se soutiennent et se mobilisent pour maintenir et développer leurs productions.
Le coordonnateur de l’UPCOM-Bam témoigne : « Les paysans relais ou animateurs endogènes apportent un appui considérable pour les producteurs et servent de relais aux techniciens de l’union. Dans les zones insécurisées, ils jouent le rôle de technicien à travers les suivis, appui-conseils rapprochés et les restitutions des formations auprès des producteurs. »
Le 25 octobre, à Tanghin Dassouri (commune périphérique de Ouagadougou) 12 paysans-relais (PR) de l’UPCOM-Bam ont assisté à la deuxième session de formation sur la fertilité des sols. Cette session a porté plus particulièrement sur l’intérêt des plantes fertilitaires, telles que le mucuna, le cajanus et le crotalaire. Plusieurs paysans relais d’organisations de producteurs partenaires de Fert, localisées dans la région Centre, ont apporté leurs témoignages.
Cécile, PR de Tanghin Dassouri, a clôturé sa parcelle d’amarante avec du cajanus (pois d’angole). Cette initiative lui offre de nombreux avantages :
- Protection contre le vent et le soleil pour sa culture
- Amélioration de la qualité de son sol (avec les feuilles qui peuvent être utilisées comme paillage ou dans la fabrication du compost)
- Utilisation d’une partie des feuilles et branchages en fourrage pour ses cabris et la récolte des graines utilisées pour l’alimentation familiale.
L’agricultrice a fait un premier essai en 2023, puis de nouvelles plantations en 2024 et compte clôturer de cette façon de nouvelles parcelles l’an prochain.
La formation des PR privilégie le partage d’expériences, les visites de parcelles et l’utilisation d’outils pédagogiques imagés afin que les PR formés puissent à leur retour, dans leurs localités, former les producteurs de leur village. Ce dispositif est d’autant plus important pour les producteurs dans un contexte sécuritaire où les déplacements entre localités sont parfois difficiles.
S’il n’y avait pas de producteurs relais, nous ne pourrions pas bénéficier des formations car les techniciens n’ont pas encore l’autorisation de venir dans notre village. Les membres de la coopérative apprécient beaucoup cette approche.
Ces formations sous l’arbre sont très pratiques et concrètes. C’est plus facile pour nous de voir comment nous pouvons aussi organiser ce type de formation dans les villages pour un plus grand nombre de producteurs. Les techniques proposées pour améliorer la fertilité des sols sont faciles à mettre en œuvre. De retour dans nos exploitations, nous pourrons aussi les essayer.