Partenaire depuis 2011, Fert et le bureau technique du GBDC travaillent ensemble en Géorgie, dans la région du Samtskhe-Javakheti, pour accompagner les éleveurs laitiers de cette zone de moyenne montagne. A l’issue d’un voyage d’étude en France en 2014, une association de 11 éleveurs, dénommée Ertoba, s’est constituée. Cinq ans plus tard, l’association a mûri et se questionne sur ses rôles et organisations.
Du 1er au 11 octobre 2019, dix éleveurs d’Ertoba et sept techniciens du GBDC sont venus en France pour mieux comprendre la diversité des organisations professionnelles agricoles de la filière laitière. Un voyage de 11 jours qui les aura emmenés en Auvergne, dans la Bresse, le Doubs et le Haut-Rhin. Retour sur les messages clés que la délégation a retenus.
A l’échelle des exploitations, des agriculteurs formés, professionnels et fiers de ce qu’ils font
« Je suis Président de la coopérative de Foissiat-Lescheroux, du Syndicat du Beurre et de la Crème de Bresse AOP et administrateur de ma CUMA… mais avant tout, je suis agriculteur »
Au cours de leur voyage, les participants ont eu l’occasion de visiter plusieurs fermes. Les discussions avec les éleveurs ont permis de réaliser que nous avions affaire à de vrais professionnels, qui travaillent eux-mêmes sur leurs exploitations, et qui cherchent à maîtriser les différents facteurs de production : sur la reproduction, la production fourragère et l’alimentation, les matériels et bâtiments, la vente du lait… chaque producteur rencontré a expliqué ses choix, sur la base de données qu’il mesure et analyse lui-même ou avec l’aide de techniciens. Un raisonnement global de son entreprise, qui se reflète aussi dans les modules de formation professionnelle proposés aux jeunes en lycée agricole.
Que ce soit dans les allées du Sommet de l’Elevage à Cournon ou lors du comice agricole d’Ouhans dans le Doubs, la délégation géorgienne a été frappée par l’attitude des éleveurs : « Les éleveurs sont fiers de leur métier : récompenser leur travail et leurs troupeaux avec des prix, c’est stimulant ». Ce sont des évènements où les agriculteurs font « la preuve de leur force ! Et ça rend fier ! », disent-ils.
Des organisations pilotées par les agriculteurs, pour les agriculteurs
Pour assumer ce rôle de ‘chef d’entreprise’, les éleveurs rencontrés ont tous souligné l’importance des organisations qui les entourent – des organisations dans lesquelles ils ont pris eux-mêmes des responsabilités. Les CUMA (Coopératives d’Utilisation du Matériel en Commun) ont été une forme d’organisation collective très appréciée, car concrète et facilement ‘transposable’ à la réalité géorgienne.
Sur chaque territoire visité, les coopératives de collecte du lait (Bressor, coopérative de Foissiat, fruitière de la Brune) ont témoigné des services qu’elles offrent à leurs membres (le froid ferme, l’achat du lait et la collecte, le conseil technique avec la Charte des Bonnes Pratiques d’Elevage, ou le contrôle qualité) dans un objectif de valoriser au mieux le lait – que ce soit pour la revente à une laiterie privée ou la transformation directe par la coopérative.
Moins connus des géorgiens, les syndicats de producteurs jouent aussi un rôle important : dans ces organisations, les producteurs s’unissent pour défendre le prix du lait ou pour défendre un produit et une organisation de filière sur un territoire à travers la mise en place d’indications géographiques.
Enfin, à une échelle plus large, d’autres acteurs ont illustré le large éventail des possibles des organisations de producteurs : le BTPL (Bureau Technique de Promotion Laitière) – union de coopératives, qui propose du conseil technico-économique et organisationnel aux exploitations, ou encore Umotest – Coopex Montbéliard qui assure l’amélioration génétique et la diffusion de la race Montbéliarde.
Qu’il s’agisse d’organisations à fonction technique, économique ou syndical, ces témoignages ont révélé l’importance de l’engagement de leaders responsables capables de piloter toutes ces organisations, et la présence à leurs côtés de techniciens. Ces organisations fonctionnent aussi grâce à l’engagement de chaque éleveur adhérent nécessaire pour se projeter dans la durée, et par la relation de confiance qui s’installe en définissant des règles claires et du contrôle.
A présent de retour dans le Caucase, la délégation prépare une journée de restitutions des enseignements qu’elle a tiré de ce voyage auprès des autres éleveurs de la région et des institutionnels et partenaires. Cela devrait dans les mois à venir donner un nouvel élan à leurs actions.
Martial Marguet, agriculteur dans le Doubs, vice-président de la FNPL et administrateur Fert, explique la loi Godefroy établie en 1969 sur le paiement du lait à la qualité et le rôle de l’interprofession laitière.