- Qu’est-ce qui vous a amené à vous présenter à la Présidence d’AgriCord ?
AgriCord, c’est une alliance de 12 agri-agences de 10 pays. Ces organisations se déploient dans 47 pays, et elles ont chacune un savoir-faire, une expertise, des compétences qui sont multiples, différentes et complémentaires. Ces agri-agences sont soutenues par des associations de producteurs de leur pays qui souhaitent s’adresser à d’autres organisations de producteurs (OP) à travers le monde. Elles ont toutes la volonté d’aider les producteurs à tirer un revenu de leur travail, pour faire vivre leur famille et participer à l’alimentation de leur pays.
Notre regroupement nous permet de répondre au souhait des organisations européennes et internationales qui veulent s’engager auprès des agriculteurs du monde. Il s’agit également de promouvoir des agricultures diverses, ouvertes, de respecter la volonté des paysannes et paysans dans tous les pays, d’être à leur écoute et de respecter l’environnement et la nature qui les entourent.
J’ai proposé ma candidature à la Présidence d’AgriCord, convaincu que l’on pouvait mieux faire vivre cette alliance. Les agri-agences, comme beaucoup d’organisations, ont tendance à fonctionner en vase clos, ignorant parfois ce que font les autres. En tant que Président, j’aurais à cœur de faire vivre cette alliance afin de véritablement faire équipe. En cette période d’Euro 2016, on pourrait dire que chaque joueur joue bien individuellement mais il s’agit de créer une véritable équipe qui fera mieux que chaque individualité seule.
- Quels sont les principaux enjeux qu’AgriCord devra relever dans les prochaines années ?
Selon moi, l’alliance AgriCord doit avoir une vraie ambition. Les expériences de chacun doivent enrichir le groupe et l’aider à voir plus loin. Il me semble donc important que chaque agri-agence soit en mesure de présenter les onze autres membres de l’alliance et les futurs membres demain. Comment faire en sorte que chacune connaisse un peu mieux ce que l’autre fait ? C’est ce que je souhaite stimuler au sein de l’alliance.
Par ailleurs, les contrôles des bailleurs, soumis eux-mêmes à des contrôles seront de plus en plus exigeants dans l’octroi des fonds. Il s’agit de rendre cela le plus léger possible grâce aux propositions de reporting mises en place par AgriCord. L’évaluation de nos actions est importante, pour nous-mêmes au moins autant que pour les partenaires techniques et financiers.
Les agri-agences, en tant que professionnels du développement, doivent s’interroger sur la pertinence de relier ou confronter les OP entre elles. L’organisation d’échanges entre pairs est à promouvoir et développer. Sur le terrain, on suscite la rencontre entre paysans pour que chacun apprenne et progresse dans cette confrontation aux autres. Mais au niveau des professionnels du développement je ne suis pas sûr que ces échanges-là aient toujours lieu. Pourquoi ne pas l’appliquer plus à nous-mêmes ?
- Fert est une des 12 agri-agences membres de cette alliance. Quel est selon vous sa principale valeur-ajoutée ?
Chaque agri-agence est constituée de personnes de grande qualité, passionnées et engagées auprès des organisations de producteurs partout dans le monde. La principale qualité de Fert est la valeur des personnes qui la compose, leur capacité à comprendre les difficultés des paysans pour qu’ils puissent trouver eux-mêmes les solutions aux problèmes qu’ils rencontrent, et les accompagner vers le marché. Fert attache une importance particulière à la formation des Hommes (agriculteurs et techniciens), une formation au sens large : mise en place d’instituts techniques, formation de jeunes, de leaders ou de conseillers…
Il est important pour moi que la prise en main de réalisations par les agriculteurs eux-mêmes soit encouragée et rendue visible. Mon ambition est aussi là : faire en sorte que cette alliance soit au service des paysans et de leurs organisations, avec la volonté de lutter contre la pauvreté, qu’elle puisse promouvoir l’égalité hommes-femmes et la reconnaissance du travail des uns et des autres.